La sonde de l'Agence spatiale européenne (ESA) s'est élancée avec succès à 23h03 (05h03 lundi en Suisse) de Cap Canaveral, lancée par une fusée américaine Atlas V dans le cadre d'un partenariat avec la Nasa. Dix instruments scientifiques sont à son bord, dont un télescope à rayons X conçu par la Haute école spécialisée du Nord-ouest de la Suisse.
L'objectif principal de la mission est de comprendre comment le Soleil crée et contrôle l'héliosphère, soit la bulle de matière qui entoure tout le système solaire, a résumé Anne Pacros, responsable mission et charge utile de l'ESA. Cette bulle baigne dans un flot permanent de particules, appelé vent solaire, qui varie beaucoup et de façon encore inconnue. Les vents sont parfois perturbés par des tempêtes, provoquées par des éruptions qui éjectent un nuage de champ magnétique et de particules chargées se propageant dans l'espace (lire encadré).
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Plus près que Mercure
Après un passage par l'orbite de Vénus, puis celle de Mercure, le satellite, dont la vitesse maximale atteindra 245'000 km/h, passera tous les six mois à 42 millions de kilomètres du Soleil. Il sera alors plus près de lui que Mercure.
Solar Orbiter "aura la capacité de regarder le Soleil directement", a expliqué un chercheur du laboratoire de physique des plasmas de l'Ecole polytechnique française. Pour supporter des températures de l'ordre de 500°C, elle est protégée par un bouclier thermique. "Quand on est aussi proche du Soleil, on n'a pas de problème d'énergie, mais de température", avait expliqué vendredi Ian Walters, chef du projet chez Airbus, qui a construit l'appareil.
Découvrir les pôles du Soleil
Les nouvelles données recueillies viendront compléter celles de la sonde Parker de la Nasa, lancée en 2018, qui s'est approchée bien davantage de la surface de l'astre (7 à 8 millions de kilomètres), mais sans technologie d'observation directe, la chaleur étant trop intense. La sonde européenne, elle, pourra "voir" l'astre à une distance encore jamais égalée, et notamment les pôles du Soleil, dont on ne connaît actuellement que les régions équatoriales.
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Le voyage de la sonde en direction du Soleil durera deux ans, puis sa mission scientifique entre 5 et 9 ans. Au bout de dix ans, la sonde pourrait avoir encore assez de carburant pour continuer son travail, si tout va bien, espère le chef du projet à l'ESA Cesar Garcia.
ats/vic
Des tempêtes solaires imprévisibles
Difficiles à prévoir, les tempêtes solaires ont pourtant un impact direct sur notre planète: lorsqu'elles viennent frapper la magnétosphère de la Terre, elles provoque d'inoffensives aurores boréales, mais peuvent aussi s'avérer plus dangereuses. "Cela perturbe notre environnement électromagnétique. C'est ce qu'on appelle la météorologie de l'espace, qui peut affecter notre vie quotidienne", décrypte le chercheur français Matthieu Berthomier.
La plus grande tempête solaire connue de l'humanité, dite "événement de Carrington", remonte à 1859. Le réseau des télégraphes aux Etats-Unis fut endommagé, des agents reçurent des décharges, du papier brûla dans les stations et la lumière boréale fut visible à des latitudes inédites, jusqu'en Amérique centrale.
"Imaginez la moitié des satellistes en orbite détruits"
En 1989, au Québec, la modification du champ magnétique de la Terre créa un courant électrique à très grande échelle. Par effet domino, il fit disjoncter les circuits électriques, provoquant un gigantesque black-out. Les éruptions peuvent également perturber les radars dans l'espace aérien (comme en 2015 dans le ciel scandinave), les fréquences radio, ou encore endommager des satellites.
"Imaginez la moitié des satellites en orbite détruits, ce serait une catastrophe pour l'humanité!", avance Matthieu Berthomier. En observant les régions solaires qui sont directement liées aux sources des vents, les mesures de Solar Orbiter vont permettre d'élaborer des modèles pour affiner les prédictions.