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Le Covid-19 circulait "inaperçu depuis des semaines" en Italie, selon des chercheurs

Recherches sur le Covid-19 à l'hôpital Luigi Sacco de Milan, le 24 février 2020. [Keystone - Andrea Fasani]
Recherches sur le Covid-19 à l'hôpital Luigi Sacco de Milan, le 24 février 2020. - [Keystone - Andrea Fasani]
"Le virus a circulé inaperçu pendant des semaines en Italie, avant les premiers cas avérés de la maladie" jeudi dernier, a expliqué vendredi à l'AFP le professeur Massimo Galli, dont l'équipe a isolé la variante italienne du virus en seulement quatre jours.

"Cela faisait longtemps que le virus était présent, peut-être déjà depuis la mi-janvier", a affirmé le professeur Galli par téléphone, précisant que la version italienne "est certainement le résultat d'une mutation, d'autant que ce virus se modifie de personne à personne".

"Ce n'est pas une découverte incroyable", a poursuivi le professeur Galli, directeur de l'hôpital Sacco de Milan, spécialisé dans les maladies infectieuses. Mais isoler la variante italienne aidera à mieux comprendre "la dynamique de l'épidémie", "pourquoi il y a tant de cas en Italie, ses différences avec le coronavirus de Chine, à élaborer des traitements et potentiellement un vaccin".

Il a "fait l'hypothèse que le virus soit arrivé avant même que l'Italie ferme les vols directs avec la Chine" le 30 janvier, disant concentrer ses recherches sur les premiers patients "qui n'avaient jamais été en Chine ni en contact avec des personnes allées en Chine, ce qui ne veut pas dire que le virus ne soit pas arrivé" de ce pays.

A la recherche du patient zéro

L'équipe de chercheurs de l'hôpital Sacco a travaillé sur des échantillons prélevés sur trois patients de la "zone rouge" autour de Codogno, en Lombardie (région de Milan dans le nord), hospitalisés entre vendredi et samedi derniers.

Codogno (15'000 habitants) est la localité où a démarré l'épidémie italienne à partir d'un malade, appelé patient 1. Le patient zéro n'a pas encore été trouvé mais le patient 1 est considéré comme à la source des deux foyers existant en Italie, le deuxième se trouvant en Vénétie (nord-est), près de Padoue.

Ce patient 1, un cadre de 38 ans de l'entreprise anglo-néerlandaise Unilever hospitalisé depuis le 19 février, d'abord à Codogno puis à Pavie, a involontairement contaminé son épouse enceinte, un ami puis des habitués d'un bar de Codogno, ses médecins, du personnel sanitaire et des patients de l'hôpital local, et leur entourage.

"Polémiques inutiles"

Le professeur Galli a balayé les "polémiques inutiles" sur le fait que l'Italie aurait effectué trop de tests (plus de 12'000 depuis vendredi), ce qui expliquerait la hausse exponentielle du nombre de cas dont une majorité de personnes pas du tout malades.

"La hausse du nombre de cas que nous voyons jour après jour ne correspond pas à de nouvelles infections mais à des contaminations anciennes liées à des contacts" entretenus avec les premiers patients gravement malades, a-t-il souligné.

L'objectif des milliers de tests est de remonter aux premières versions du virus quand il est apparu en Italie et de trouver d'où exactement il est parti, insiste-t-il.

Selon la professeure Ballotta, "il faudra des semaines pour déterminer la date exacte de l'arrivée de cette souche en Italie, sans doute quand l'épidémie sera terminée".

>> L'interview dans La Matinale de Thomas Cueni, président de la Fédération internationale des fabricants de pharmaceutiques :

L'invité de la Matinale (vidéo) - Thomas Cueni, président de la fédération internationale des fabricants de pharmaceutiques
L'invité de la Matinale (vidéo) - Thomas Cueni, président de la fédération internationale des fabricants de pharmaceutiques / La Matinale / 9 min. / le 27 février 2020

afp/nr

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Avec 650 personnes testées positives, dont toutefois seulement 303 sont considérées comme vraiment malades, l'Italie est le pays d'Europe le plus touché. Le Covid-19 y a provoqué la mort de 17 personnes, toutes âgées et déjà atteintes de pathologies graves.