Une motion japonaise qui aurait autorisé plusieurs communautés
côtières à mener des chasses commerciales à petite échelle de la
baleine de Minke, un petit rorqual, a été écartée par 31 voix
contre 30 au second jour de la réunion annuelle de la Commission
internationale baleinière (CBI) à Frigate Bay, dans les
Caraïbes.
Pas de victoire, même symbolique
Si la motion avait été acceptée, cela aurait été une énorme
victoire symbolique pour le Japon, mais la chasse à la baleine
commerciale n'aurait pas pu reprendre, car la levée du moratoire
exige une majorité des trois quarts.
La motion japonaise a été mise en échec grâce à l'abstention de la
Chine, des Iles Salomon, du Guatemala, de Kiribati et de la Corée
du Sud.
Tokyo: gérer des stocks
Le Japon soutient que les pays hostiles à la chasse à la
baleine, comme l'Australie, la Grande-Bretagne et la
Nouvelle-Zélande, mènent la CBI dans l'impasse et pervertissent sa
charte originelle, qui est de gérer les stocks de baleines afin que
la chasse en soit possible.
Selon Tokyo, la prise de 150 baleines de Minke par an dans la mer
d'Okhotsk et dans le Pacifique occidental diminuerait la pauvreté
des populations côtières de ces régions, qui pratiquent la chasse
d'une manière à peine différente des populations indiennes ou
laponnes. Ces dernières sont autorisées par la CBI à chasser la
baleine.
Contre-attaque
Mais les pays hostiles à la chasse à la baleine, dont la
Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, se sont opposés
au plan japonais, estimant que son application ramènerait la cause
de la conservation des baleines à 1946, année où la CBI a été créée
pour éviter l'extinction de l'espèce.
En marge de la réunion de la CBI, le ministre australien de
l'Environnement Ian Campbell a en outre dénoncé les chasses
japonaises à la baleine comme «inhumaines» et «dégoûtantes».
«Massacres» de cétacés
Ian Campbell a dévoilé un nouveau rapport sur les massacres de
ces cétacés commis dans le cadre de chasses «scientifiques» menées
avec l'autorisation de la CBI, mais contre l'avis des pays militant
en faveur de la conservation du cétacé.
«Voici comment le Japon collecte de la viande de baleine au nom de
la science, la ramène au Japon, la conserve dans ses entrepôts,
essaye d'y faire goûter des écoliers, essaye maintenant aussi d'en
donner à manger aux personnes âgées, et nous savons aussi à partir
de quelques témoignages qu'ils nourrissent des chiens avec», a-t-il
déclaré.
Le Japon a immédiatement démenti ces assertions. Il a aussi
démenti que ses méthodes de chasse étaient inhumaines. Les baleines
sont tuées «de la manière la plus humaine possible, c'est prouvé
par la science», a déclaré le représentant japonais, Joji
Morishita.
ats/het
Entre chasse et protection
La baleine est chassée pour sa nourriture (une baleine apporte une quantité importante de protéines et de graisse), son huile, ses intestins séchés utilisés pour réaliser des cordages.
Sa chasse a été intensive : la moyenne annuelle d'animaux capturés s'élève à 1'500 dès les années 1890, à 10'000 après 1910 et jusqu'à 50'000 dans les années 1930. Les populations de baleines se sont réduites dans d'importantes proportions.
Après la disparition totale de certaines espèces de baleines, la Commission baleinière internationale est instituée en 1949. La chasse de certaines espèces est interdite (baleines franches, baleines grises) et quelques nations renoncent complètement à la chasse (Angleterre, Espagne, Hollande, France).
Selon les défenseurs des baleines, la pollution des océans présente un risque supplémentaire pour les cétacés d'aujourd'hui et l'exploitation à grande échelle n'est pas totalement arrêtée (par exemple, certains pays ont négocié des exemptions pour entretenir la "recherche scientifique").
Les Esquimaux et quelques populations côtières de l'Alaska, de la Sibérie, du Canada ou des Caraïbes continuent à pratiquer une chasse aborigène artisanale.