Canicule
La canicule de l'été 2003 donne un aperçu du futur: "en 2003, la
récolte (en France) a été inférieure de 17% à la moyenne, presque
uniquement pour des raisons climatiques", selon l'ONERC.
Paradoxalement, le réchauffement, en accélérant les dates de
floraison, augmente les risques de destruction au cours des
périodes de gel printanier, tant redoutées des viticulteurs.
Cette tendance au réchauffement, "pour le moment, c'est presque
une bonne chose", déclare à l'AFP Bernard Séguin, chercheur à
l'Institut national agronomique (Inra) d'Avignon. "L'augmentation
de la température se traduit par des vins plus sucrés, plus
alcoolisés, moins acides, lors des vendanges", explique-t-il,
rappelant que "dans les années froides, on avait des vins moins
alcoolisés, il fallait rajouter du sucre pour avoir un certain
degré d'alcool".
Donc une année chaude, c'est plutôt une "bonne année" et c'est la
tendance depuis une vingtaine d'années, indique Bernard Séguin.
Mais il ajoute aussitôt un bémol: "c'est bon parce qu'on est dans
la gamme d'un ou deux degrés de plus mais quand vous allez au-delà,
vous ne savez plus trop ce qui peut arriver".
La croissance de la vigne et la qualité du vin sont étroitement
liées à la météo locale. Ainsi, la sécheresse ralentit la
croissance des plants si elle se produit avant la maturation des
grappes et diminue le stockage des sucres, si elle sévit pendant la
maturation.
Réchauffement climatique
Les experts des Nations unies sur le climat tablent sur une
augmentation de 1,4 degré au mieux et 5,8 degrés au pire de la
température moyenne mondiale d'ici 2100. Ce réchauffement devrait
entraîner "une progression significative des zones favorables à la
culture de la vigne vers le nord", selon l'Observatoire national
des effets du réchauffement climatique (ONERC).
Du XIe au XIIIe siècle, les vignes étaient courantes dans le sud
de l'Angleterre avant de disparaître sous le "petit âge glaciaire"
(1550-1850). Le phénomène inverse semble en passe de se reproduire.
"Qu'il y ait des vignes en Normandie, en Grande-Bretagne ou aux
Pays-Bas, à la fin du siècle, c'est tout à fait envisageable",
estime B.Séguin. De même, "on pourra se permettre de cultiver dans
le nord des cépages qu'on trouve actuellement dans le sud de la
France", ajoute-t-il.
Une augmentation de 1 degré de la température moyenne d'ici 2035,
tel que prévu selon un scénario des experts de l'ONU,
correspondrait à un déplacement des régions viticoles de 180 km en
moyenne vers le nord.
agences/stp
Danger pour les AOC
Cette remontée des cultures vers le nord laisse planer la menace d'une délocalisation des Appellations d'origine contrôlée (AOC) qui sont pourtant attachées à un sol, un climat et une culture locale.
En France par exemple, chaque terroir avec son AOC va se retrouver avec des conditions qui vont énormément changer. "Seront-ils capables de faire le même produit? Avec 1 ou 2 degrés de plus, peut-être, mais au delà, la question est posée", estime B. Séguin.
Vendanges précoces
Le changement climatique a déjà provoqué en France une avancée des vendanges de trois semaines, voire un mois dans certaines régions, depuis les années 1990 par rapport aux moyennes observées en 1945.
"Un tel niveau de précocité n'avait jamais été observé depuis 500 ans", souligne l'ONERC, l'Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique.