"La pollution de l'air est un plus grand risque pour la santé publique que le tabagisme", dit Jos Lelieveld de l'Institut Max Planck (Mayence, Allemagne) premier auteur de l'étude parue dans la revue de la Société européenne de cardiologie, Cardiovascular Research.
Un désastre qui pourrait être évité "en grande partie en remplaçant les combustibles fossiles par des énergies renouvelables propres", relève-t-il.
Comparée à d'autres causes de décès prématuré, la pollution de l'air, qualifiée de pandémie par les auteurs de l'étude, tue 19 fois plus de personnes chaque année que le paludisme, neuf fois plus que le VIH/sida, et près de trois fois plus que l'alcool, d'après l'étude.
Les maladies coronariennes et les accidents vasculaires cérébraux (AVC) provoqués par la pollution représentent près de la moitié de ces décès, les maladies pulmonaires et d'autres maladies non transmissibles comme le diabète et l'hypertension artérielle constituent la majeure partie du reste.
5,5 millions de décès évitables
L'Asie est la plus touchée: la durée de vie moyenne y est réduite de 4,1 ans en Chine, de 3,9 ans en Inde et de 3,8 ans au Pakistan. En Inde, dans l'Uttar Pradesh (200 millions d'habitants), la pollution par les particules fines réduit à elle seule l'espérance de vie de 8,5 ans, tandis que dans la province chinoise du Hebei, le déficit est de près de six ans, selon l'Air Quality Life Index, développé par des chercheurs de l'Energy Policy Institute de Chicago.
L'espérance de vie des Africains est réduite de 3,1 ans en moyenne, et de 4,5 à 7,3 ans dans certains pays: Tchad, Sierra Leone, République centrafricaine, Nigeria et Côte d'Ivoire.
Parmi les pays plus aisés, les anciens Etats satellites de l'Union soviétique ont la pollution la plus meurtrière, en particulier en Bulgarie, en Hongrie et en Roumanie.
"Les deux tiers environ des décès prématurés sont imputables à la pollution d'origine humaine, principalement due à l'utilisation de combustibles fossiles", note Thomas Münzel (Institut Max Planck) responsable de cette recherche. "Cela va jusqu'à 80% dans les pays riches", et ajoute-t-il, "5,5 millions de décès dans le monde par an sont potentiellement évitables".
Impact sous-estimé
Le chiffre de 8,8 millions de décès prématurés par an est le double des estimations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). "L'impact de la pollution atmosphérique sur les maladies cardiovasculaires et autres maladies non transmissibles a été considérablement sous-estimé", assure Jos Lelieveld, renforçant d'autres recherches faisant le même constat.
Ainsi en Chine, le nombre de décès prématurés est de 2,8 millions par an, soit deux fois et demie les estimations de l'OMS.
La pollution de l'air endommage les vaisseaux sanguins, entraînant une élévation de la pression artérielle, du diabète, des AVC, des crises cardiaques et des insuffisances cardiaques.
"La prise de conscience que la pollution de l'air est un risque majeur pour la santé peut contribuer à la volonté d'éliminer progressivement les combustibles fossiles - tout en permettant de réduire le réchauffement climatique", estime Jos Lelieveld.
ats/afp/lan