Atlantis, avec six astronautes à bord, dont une femme et un
Canadien, s'est arrachée de son pas de tir à 11h15 locales (15h15
GMT) du Centre spatial Kennedy pour prendre son envol au-dessus de
l'océan Atlantique.
Départ sans problème
Une minute après avoir quitté le sol, la navette volait déjà à
près de 6.000 km/heure. "Tous les systèmes fonctionnent
normalement", a dit Kyle Herring, le commentateur de vol de la
Nasa. Ce lancement intervient près de deux semaines après la date
initialement prévue, le 27 août. La foudre, la tempête tropicale
Ernesto et deux anomalies techniques avaient forcé la Nasa à
reporter à six reprises le décollage.
L'ascension d'Atlantis s'est parfaitement déroulée, selon un
scénario bien rôdé depuis le lancement de la première navette,
Columbia, en avril 1981. Les deux fusées d'appoint d'Atlantis se
sont séparées comme prévu deux minutes après le lancement, pour
retomber dans l'Atlantique où elles seront récupérées et
réutilisées.
La navette a poursuivi normalement son ascension de moins de neuf
minutes vers l'orbite, laissant derrière elle un panache de vapeur
blanche dans un ciel bleu azur. Le réservoir externe s'est séparé
un peu plus de huit minutes après la mise à feu juste après l'arrêt
des trois moteurs cryogéniques de la navette, avant de retomber et
de s'abîmer dans le Pacifique.
Orbite terrestre atteinte
Arrivée sur orbite à 225 km au-dessus de la Terre, Atlantis a
allumé ses deux petits moteurs servant aux manoeuvres dans l'espace
pour atteindre l'altitude de 350 km lui permettant de débuter sa
course poursuite avec l'ISS, la station spatiale dont la
construction a été longtemps suspendue après l'accident de Columbia
en 2003.
L'amarrage avec l'ISS est prévu lundi à 10h46 GMT. L'équipage,
commandé par Brent Jett, 47 ans, et le copilote Chris Ferguson, 44
ans, doit au cours de sa mission de 11 ou 12 jours livrer et
installer deux modules d'assemblage, dont une deuxième antenne
solaire pour doubler la puissance électrique de la Station.
Avant-poste de l'espace
L'installation complexe de ces éléments, 16 tonnes au total,
nécessitera trois sorties dans l'espace par deux équipes de deux
astronautes pendant plus de 20 heures. La Nasa prévoit au total 16
vols pour achever la construction de l'ISS d'ici à 2010, année de
mise à la retraite des trois navettes de la flotte.
Unique avant-poste de l'espace, la Station spatiale
internationale, qui aura la taille d'un terrain de football une
fois finie, est jugée cruciale pour préparer le retour des
Américains sur la Lune d'ici 2018 et, à plus longue échéance, des
missions habitées sur Mars, objectif annoncé par le président
George W. Bush en 2004.
Eviter un nouvel accident
L'équipage effectuera aussi, sur orbite, des inspections
visuelles du bouclier thermique d'Atlantis pour détecter tout dégât
éventuel. Le vol d'Atlantis intervient deux mois après le vol de
Discovery, qui avait permis de tester les modifications et
procédures d'inspection pour éviter la répétition de la catastrophe
de Columbia qui avait coûté la vie à sept astronautes.
Il s'agissait surtout de réduire les risques que des débris de
mousse isolante se détachent du réservoir externe pendant les
premières minutes de l'ascension. C'est un morceau d'isolant de 700
grammes qui a percé la protection thermique de Columbia et conduit
à sa perte.
L'équipage d'Atlantis a pris des photos et a filmé le réservoir
externe, samedi peu après sa séparation de l'orbiteur, pour
détecter d'éventuelles pertes d'isolant. Les films et photos
numériques seront ensuite transmis aux experts de la Nasa pour
analyse.
Le succès de la mission Discovery en juillet a mis fin à trois
années d'incertitude sur l'avenir du programme spatial américain et
la poursuite de l'assemblage de l'ISS, qui avaient suivi la
tragédie de Columbia.
afp/kot
L'ISS, plate-forme d'observation de l'Univers
La Station spatiale internationale (ISS) à laquelle doit s'arrimer la navette Atlantis sera la plus grande structure jamais réalisée par l'homme dans l'espace.
Quand elle sera achevée, sa surface sera équivalente à celle d'un grand stade de football. Elle pèsera plus de 450 tonnes contre 197 tonnes actuellement.
Elle représente un terrain d'expérimentation unique pour les sciences de la vie et de la matière mais aussi une plate-forme d'observation de la Terre et de l'Univers.
L'ISS a pris la place de la station orbitale russe Mir, devenue vétuste et volontairement détruite en mars 2001.
L'ISS, dont le coût total est estimé à 100 mrds de dollars, financé en grande partie par les USA, est occupée en permanence depuis novembre 2000 par des équipages conjoints russe et américain qui se relaient tous les 4 à 6 mois.
L'ISS est en orbite à une altitude de 354 kilomètres au-dessus de la Terre et effectue un tour complet de la planète toutes les 90 minutes à la vitesse de 28'000 km/h.
Seize pays, dont 11 européens, participent à la construction de l'ISS.