Smart-1, a percuté la Lune à la vitesse de 2km/s (7200 km/h)
dans le "Lac de l'Excellence", une plaine située dans la région
méridionale visible de la Lune. Selon les prévisions du responsable
scientifique du projet à l'Agence spatiale européenne (Esa),
Bernard Foing, l'impact devait creuser "un petit cratère mesurant 3
à 10 m de diamètre".
Ultime expérience
Grâce à la violence qui va découler du choc, les scientifiques
pourront préciser les paramètres physiques et chimiques du sol à
cet endroit en observant les matériaux éjectés par l'impact, leur
rayonnement, etc.
La sonde Smart 1, un cube de 1 m de côté pesant quelque 360 kilos,
avait été lancée le 28 septembre 2003 du centre spatial guyanais de
Kourou à l'aide d'une fusée Ariane-5 et s'était inscrite sur une
orbite elliptique polaire (à une distance variant entre 300 et 3000
km), en novembre 2004. Elle avait commencé ses observations
scientifiques en mars 2005.
La Lune cartographiée
Le responsable scientifique du projet à l'Agence spatiale
européenne, explique que la sonde a "cartographié les cratères de
petits et de grands impacts, étudié les processus volcaniques et
tectoniques qui ont façonné la Lune, levé le voile sur ses pôles
mystérieux et étudié des sites en vue d'une exploration
future".
Les astronomes en savent donc un peu plus sur notre satellite, qui
se serait formée il y a 4,5 milliards d'années suite à l'impact
avec la Terre d'un astéroïde de la taille de la planète Mars.
Les prises de vue de la surface sous plusieurs angles permettront
de créer des images tridimensionnelles de la surface lunaire. Ces
analyses et résultats seront d'importances majeures en vue des
futures missions lunaires planifiées par le Japon, la Chine,
l'Inde, les Etats-Unis.
La sonde était notamment équipée d'un télescope à rayons X destiné
à identifier les éléments chimiques présents à la surface de
l'astre, ainsi que d'un spectomètre à infrarouge pour dresser une
carte des minéraux. A l'origine, la mission ne devait durer que six
mois autour de la Lune et elle a été prolongée d'un an.
Avancées technologiques
Cette mission a permis de tester des technologies et une
miniaturisation des équipements qui pourront servir à d'autres
missions spatiales européennes, vers Mercure avec la sonde
Bepi-Colombo ou à bord de la future mission indienne Chandrayaan
vers la Lune.
Le moteur ionique assurant la propulsion en expulsant des ions de
gaz xénon sous forte pression lui a permis de parcourir 100
millions de kilomètres en ne consommant que 60 litres de carburant.
Une technologie qui pourrait s'avérer indispensable pour
d'éventuels voyages interplanétaires
"Smart-1 était l'avant-garde, presque tout ce qui était à bord
était novateur: il s'agissait d'une mission pour tester la
technologie", a souligné le responsable de la conduite des
opérations, Octavio Camino-Ramos.
afp, ats/cab
Un peu de Suisse dans l'espace
La sonde SMART-1 était en partie constituée d'équipements suisses. APCO Technologies, basée à Vevey, mis au point le concept, l'étude et la fabrication de toute la structure du satellite.
Un des grands défis a été de réduire le poids de la structure à un minimum, car le satellite transporte un grand nombre d'instruments, a expliqué à l'ATS André Pugin, directeur de la société. La structure développée par APCO ne pèse que 40 kg, soit un dixième du poids total de SMART-1.
Connue pour la fourniture des coiffes des fusées Ariane, l'entreprise zurichoise Contraves s'est quant à elle chargée du système d'orientation de la poussée du moteur. Il s'agit d'une sorte d'engrenage électro-mécanique à cadran qui a permis d'aiguiller le satellite sur la bonne direction, a expliqué la prote-parole de Contraves.
Les moteurs qui ont fourni la force pour régler l'orientation du réacteur du satellite selon le système de Contraves ont été livrés par l'entreprise ETEL Motion Technology, installée à Môtier (NE).
A bord de SMART-1 se trouvait aussi un système d'imagerie miniature conçu par les scientifiques de l'Institut pour l'Exploration Spatiale (SPACE-X) et fabriqué par Microcamera SA, tous deux basés à Neuchâtel.
L'ensemble intègre une micro-caméra avec téléobjectif, ainsi qu'un système électronique lié à la compression et au stockage des images. La caméra en elle-même ne pèse que 500 grammes. Baptisé AMIE (Advanced Moon micro-Imaging Experiment), le système a pu prendre plus de 20'000 images au cours de sa mission.