Pour l'investisseur Alfonso von Wunschheim, plusieurs aspects
distinguent la situation du web actuellement par rapport à celle
qui a mené au krach des années 2000. D'abord, on avait à l'époque
sous-estimé le temps d'adaptation des utilisateurs aux nouvelles
technologies. Il existait alors des dizaines d'entreprises qui
proposaient des services similaires : seules une ou deux ont
survécu.
Le temps de développement d'un site a aussi été considérablement
réduit et il en coûte désormais jusqu'à 50 fois moins cher pour en
lancer un. Mais malgré toutes ces différences, il note que prévaut
aujourd'hui une euphorie malsaine - comme à l'époque du «web 1.0»:
de nombreuses start-up oublient simplement d'avoir un modèle
d'affaires viable.
Jean-François Groff, le directeur technique de la start-up à
succès Netvibes se défend d'être dans ce cas. Même si sa jeune
entreprise ne dévoile pas comment elle compte engranger des
bénéfices, il pose la question : «pensez-vous que les investisseurs
qui viennent de placer 12 millions d'euros dans notre entreprise
nous feraient confiance si nous n'avions pas de modèle viable?». Et
l'intervenant, qui a œuvré aux premiers développements du net au
CERN dans les années 1990 estime que l'on revient aujourd'hui aux
premier esprit d'internet : il ne faut pas parler de web 2.0, un
terme à la mode, mais de renaissance. Plutôt que d'évoluer dans une
relation de diffuseur à consommateur (un site proposé par une
entreprise à un client), on revient à une idée de partage : tout le
monde produit du contenu et tout le monde peut le consommer. La
publication d'information sur internet redevient au centre de
l'usage du réseau.
Laurent Haug, confondateur de Cocomment, explique quant à lui
comment une jeune pousse, dans l'internet actuel, peut passer en
quelques heures du statut d'anonyme à celui de start-up à succès.
Il a suffit qu'il mentionne ses activités à un blogueur connu,
Robert Scoble, et que celui-ci publie une note, pour
qu'instantanément, des dizaines de visiteurs affluent sur son site
et que des magazines comme Wired s'intéresse à Cocomment. Pour lui,
c'est la grande force du web 2.0 : «le monde est plat. Il n'y a
plus de piédestal. Si une idée est bonne, cela suffit à lui
garantir le succès».
Guillaume Champeau, fondateur du site d'information Ratiatum.com
rappelle que les idées qui font le succès actuel des sites dits
«web 2.0», comme Dailymotion ou Flickr, existaient déjà dans les
années 1990. Mais le vrai changement est symbolisé par le succès de
Google et son système Adsense (publicité en ligne placée en
fonction du contenu de la page) : chacun se rend compte qu'on peut
générer de l'argent sur internet. Alors qu'il y a dix ans, on avait
affaire à un vrai jeu de l'avion : Une entreprise se revendait à
une autre qui se revendait à une autre, etc, jusqu'à ce qu'il n'y
ait plus personne en bout de chaîne et que le système implose.
Les débats Nouvo
Les Nouvo rendez-vous invitent chaque mois le public à prendre part à un débat. Dans le sillage du magazine diffusé tous les jeudis soir à quinzaine, ils abordent le thème du changement technologique.
Des reportages de Nouvo sont diffusés durant l'événement.
Débat organisé avec le soutien de la Loterie romande.
Les invités
- Guillaume Champeau. Journaliste, fondateur du site d'information Ratiatum.com et créateur de LinkedFeed.com, un aggrégateur de contenu communautaire.
- Laurent Haug. Il a cofondé Cocoment, un exemple de jeune pousse suisse qui a rencontré un succès planétaire, et dirige LIFT, une conférence dédiée aux nouvelles technologies.
- Jean-François Groff. Il est directeur technique de Netvibes, start-up française qui a le vent en poupe et qui vient de récolter 12 mio d'euros à son dernier tour de table. Il a auparavant travaillé au CERN et pour NeXT.
- Alfonso Von Wunschheim. Entrepreneur, il a travaillé pour e-sider, la banque en ligne de la BCV, pour Hoffmann La Roche et est désormais investisseur private equity.