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Plus de médias, moins de porno: le coronavirus transforme le web suisse

Les sites les plus visités par les internautes suisses ne sont plus les mêmes depuis le début de la crise du coronavirus. Les gagnants: les médias, le télétravail et la livraison de courses. Les perdants: les petites annonces, les voyages et la pornographie.

Le classement des sites internet les plus utilisés en Suisse a subi un séisme depuis le début du semi-confinement, selon les données fournies par la société spécialisée SimilarWeb à la RTS.

Note: Il s'agit du Top 100 du mois de mars, les classements de janvier et février portent sur les mêmes sites réorganisés en fonction de leurs audiences de l'époque, mais le classement pouvait alors être différent.

Chute des petites annonces

Victimes directes de la distanciation sociale, les sites mettant en contact des particuliers voient leur position s'effondrer. Anibis.ch (petites annonces), Autoscout24.ch (vente de véhicules) ou encore les portails immobiliers homegate.ch et immoscout24 subissent tous une baisse similaire.

Les sites de commerce en ligne connaissent des chances diverses. Les leaders semblent se maintenir, mais d'autres chutent. C'est le cas de Zalando, affecté par la pratique de sa clientèle qui consiste en temps normal à commander chaussures et habits, puis à renvoyer par la poste les pièces qui ne plaisent pas. Il chute de près de 30 places.

Autre perte de vitesse due à la crise sanitaire: le site proposant des produits chinois à bas prix Aliexpress. Son activité s'est d'abord heurtée au frein de l'activité en Chine, puis à la raréfaction des connexions aériennes.

Les médias grimpent

Visiblement à l'affût des dernières nouvelles en temps de crise, les Suisses multiplient les connexions à des sites d'informations. Les journaux romands et la RTS ont fortement grimpé dans les habitudes de consultation, tout comme le site de l'administration fédérale.

Bien qu'ils n'aient pas fait de remontée spectaculaire dans le classement, les sites de livraison des grands supermarchés connaissent une croissance de visites de près de 200%. Sans surprise, les outils de télétravail et vidéoconférence se font également une place de choix.

Les deux percées les plus impressionnantes sont directement liées à la crise sanitaire. Worldometers.info, page qui s'est fait connaître pour son recensement de statistiques sur le coronavirus, voit sa fréquentation exploser. D'un nombre moyen de 30'000 visites en provenance de Suisse en janvier, elles sont passées à plus de 7 millions en mars (+21'000%).

L'outil de cartographie ArcGIS est également devenu un aimant à trafic. Désormais connu du grand public grâce à la très médiatisée carte de la Johns Hopkins University, le service a vu son nombre de visites augmenter de plus de 3000% en deux mois.

"Nous avons remarqué en Suisse et dans le monde une évolution de l'intérêt du public pour les cartes et les statistiques", constate Caroline Destrez, d'ESRI, l'éditeur d'ArcGIS. "Ce virus est invisible, la géographie est un moyen simple de voir et de comprendre son impact. Mais nous n’avions peut-être pas imaginé une augmentation aussi importante", concède-t-elle.

Booking.com s'effondre

A l'opposé de cette grande redistribution, le perdant est booking.com. Miroir de l'industrie hôtelière en crise, le leader de la réservation en ligne a perdu plus de la moitié de son audience en quelques semaines.

Les CFF voient quant à eux leur fonctionnement au ralenti se refléter sur la fréquentation de leur site, avec une chute de 28% des accès.

Moins de pornographie

Peut-être victimes de la perte d'intimité due au confinement, les huit portails pornographiques ou offrant des services sexuels présents parmi les 100 sites les plus consultés en Suisse font tous face à une baisse de fréquentation. Les plus marquées sont celles d'un annuaire de service de prostitution et d'un site de webcams pour adultes proposant du streaming en direct.

Toutes ces variations se font dans un contexte général d'utilisation élevée d'internet. Contacté par la RTS, Swisscom confirme avoir constaté depuis le confinement une augmentation de 30% des téléchargements.

Marc Renfer

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Méthode

SimilarWeb explique se baser sur quatre indicateurs: un panel d'utilisateurs volontaires, des données directement partagées par des sites et application, des partenariats avec des fournisseurs d'accès et des données ouvertes.

Les données ainsi compilées peuvent différer des mesures prises directement par les propriétaires des sites.