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Enfants et contagion: une nouvelle étude questionne les certitudes de l'OFSP

Une école fermée pour cause de coronavirus dans le canton de Berne. [Keystone - Christian Beutler]
Une école fermée pour cause de coronavirus dans le canton de Berne. - [Keystone - Christian Beutler]
Selon l'OFSP, les risques de transmission du Covid-19 par les enfants sont quasi inexistants. Mais un document de la task force scientifique de la Confédération et une étude genevoise, publiés tous deux ce vendredi, mettent à mal cette confiance.

Depuis lundi, l'annonce a fait le tour du monde: les autorités sanitaires suisses estiment que les grands-parents peuvent prendre dans les bras leurs petits-enfants âgés de moins de 10 ans. Cette information, relayée par la BBC, a été reprise de l'Argentine à l'Indonésie, en passant par la Hongrie.

Pour l'OFSP et son expert Daniel Koch, qui citent plusieurs études dont deux en provenance d'Islande et d'Australie, les enfants qui ne présentent pas de symptômes ne seraient pas des vecteurs de transmission, ce qui justifierait la réouverture des écoles sans mesures particulières.

>> Lire notre interview de Daniel Koch : "Je suis sûr de notre analyse concernant les enfants"

Mais cette certitude a été mise à mal par deux fois ce vendredi. Tout d'abord, la task force scientifique instituée par la Confédération a rendu publique son étude sur les enfants, et sa conclusion est bien plus prudente que celle l'OFSP.

"Nous ne pouvons actuellement pas tirer de conclusions définitives au sujet de la question de savoir si les enfants peuvent ou non transmettre le virus Sars-Cov2", stipule le texte.

"L'absence de preuve n'est pas une preuve d'absence"

Pour ce groupe de scientifiques suisses, "l'absence de preuve n'est pas une preuve d'absence et on ne peut pas supposer que les enfants ne transmettent pas le virus". Une vision opposée à celle de Daniel Koch, qui estime que réfléchir ainsi revient à "inverser la recherche de preuves":

Puis, en début d'après-midi c'est une nouvelle étude du Centre des maladies virales émergentes, lié aux Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) et à la Faculté de médecine de l'Université de Genève, qui est venue compliquer un peu plus la position de l'OFSP.

Cette recherche arrive aux mêmes conclusions qu'un travail similaire mené en Allemagne et publié hier: on retrouve chez les enfants malades une charge virale similaire à celle des adultes.

"Il serait naïf de ne pas considérer les enfants comme des transmetteurs"

Si elle ne s'attaque pas directement à la question de la transmission, ce que souligne Daniel Koch, l'étude estime qu'au vu des résultats "il serait naïf de ne pas considérer les enfants comme des transmetteurs".

"Il est possible que contrairement à d’autre maladies où les enfants jouent un rôle important dans la transmission, telles que la grippe ou des maladies respiratoires, ce virus dont on doit encore apprendre beaucoup soit différent", indique Isabella Eckerle une des auteures, en ajoutant qu'il ne faut pas oublier que "les enfants ont été particulièrement protégés depuis le début de l’épidémie et leurs contacts ont été limités, cela pourrait donc expliquer en partie pourquoi il existe peu de preuves de transmission de leur part".

Dans le 19h30 de jeudi, le virologue et professeur à l'EPFL Didier Trono avait déjà estimé que les publications contradictoires devaient inciter à la prudence.

"Une question philosophique et politique, pas scientifique"

Dans ce contexte scientifique flou et mouvant, l'OFSP dispose cependant également de soutiens. La Société suisse de pédiatrie (SSP) a annoncé appuyer la décision de réouverture des écoles le 11 mai car "toutes les études et observations réalisées jusqu'à présent confirment l'hypothèse selon laquelle les enfants ou les enfants scolarisés n’entretiendront pas l'épidémie".

Comme l'a résumé Marcel Salathé, épidémiologiste à l'EPFL également présent à la conférence de presse de ce jour, l'arbitrage actuel en cours s'apparente une question "philosophique et politique, pas scientifique".

Marc Renfer

>> Voir le reportage du 19h30 de jeudi soir :

La question de la contagiosité des enfants divise les scientifiques.
La question de la contagiosité des enfants divise les scientifiques. / 19h30 / 2 min. / le 30 avril 2020
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Les recommandations de la task force pour la réouverture des écoles

Dans son document, la task force de la Confédération considère que la réouverture des écoles devraient être accompagnée de mesures:

- Les enfants montrant des symptômes doivent rester chez eux;
- Les enfants doivent suivre le trajet le plus court pour se rendre à l'école;
- Les enfants comme les enseignants doivent éviter les transports publics. S'ils ne peuvent l'éviter ils devraient porter des masques;
- Les parents d'élèves doivent limiter au maximum le temps passé dans les enceintes des établissements;
- Il faudrait limiter le nombre d'enfants par classe à 15 au maximum;
- Il faudrait limiter le nombre d'heures passées à l'école et favorisant les cours fondamentaux;
- Limiter les mélanges entre les différentes classes, en particulier lors des récréations, en prévoyant par exemple des horaires alternés;
- Annuler les activités de contact, telles que la pratique de sports d'équipes;
- Seules l'école obligatoire doit reprendre, les degrés supérieurs devraient continuer à étudier depuis la maison;
- Les écoles devraient être équipées avec des installations de désinfections pour les mains;
- Les contacts physique doivent être évités entre élèves, il ne faut pas serrer la main aux enseignants