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Comment éviter une nouvelle pandémie comme le coronavirus?

Le covid-19 ne sera pas le dernier virus d'origine animale à combattre, sauf si l'on réduit notre impact sur l'environnement.
Le covid-19 ne sera pas le dernier virus d'origine animale à combattre, sauf si l'on réduit notre impact sur l'environnement. / 19h30 / 2 min. / le 14 mai 2020
Des maladies d'origine animale, comme le coronavirus, se sont produites par le passé et se produiront encore. Pour anticiper les prochaines infections et stopper les pandémies, des scientifiques ont identifié les zones et les situations les plus à risque.

L'origine du nouveau coronavirus n'est pas encore connue, mais il semble à peu près certain qu'il provient d'un animal sauvage. Son génome présente 90% de similitude avec un virus de la chauve-souris et les experts cherchent encore l'hôte intermédiaire qui aurait infecté l'humain.

Bien qu'on ignore encore beaucoup de chose sur cette maladie, les experts ne sont pas surpris par sa transmission de l'animal à l'homme. Dès 2018, l'OMS a fait apparaître dans sa liste de maladies prioritaires la maladie X. Il s'agit de la certitude qu'une maladie provenant d'un pathogène encore inconnu pourrait provoquer une épidémie grave pour l'espèce humaine.

Peter Daszak, le président d'EcoHealth Alliance, une organisation de recherche à but non lucratif spécialisée dans la découverte de nouveaux virus, avait alors participé aux discussions de l'OMS et prédit que la maladie X résulterait d'un virus d'origine animale. Une prédiction plutôt facile, en sachant que 75% des maladies humaines infectieuses émergentes (MIE) sont originaires de la faune sauvage, comme par exemple MERS, Ebola, le SRAS ou le SIDA.

De plus en plus de contaminations

Ce type de transmission de l'animal à l'humain, que l'on appelle maladie zoonotique, est arrivé par le passé et se produira encore, affirme Rafael Ruiz de Castaneda, zoologiste à l'Institut de santé globale de l'Université de Genève (Unige): "Il y aura d'autres épidémies à large impact international, des pandémies. On sait que ces maladies émergentes proviennent de la faune, mais aussi qu'il existe une croissance de l'apparition de ces nouvelles maladies zoonotiques."

Plus de trois cents de ces maladies ont été rapportées ces 40 dernières années, telles que le SARS en 2002 dans la province du Guangdong en Chine, avec la civette comme intermédiaire. Le MERS en 2012, avec le dromadaire, ou encore en 2018, l'épidémie de Nipah dans le sud de l'Inde véhiculé par des chauves-souris. Les animaux intermédiaires sont souvent domestiqués ou consommés par les humains.

Isabelle Bolon, vétérinaire à l'Institut de santé globale à l'Unige, confirme que "ces événements s'accélèrent. Il y en a de plus en plus: 142 zoonoses virales ont été détectées depuis 2013."

Une carte des risques

Grâce aux données récoltées entre 1940 et 2008, des chercheurs membres de l'Alliance EcoHealth ont établi une carte des zones géographiques à haut risque.

Leur but étant d'anticiper les prochaines épidémies, en identifiant les origines et les causes de l'émergence de maladies, ainsi que les régions d'où de nouvelles maladies peuvent être plus susceptibles d'émerger.

Selon eux, le risque zoonotique est élevé dans les régions tropicales boisées connaissant des changements d'utilisation des terres et où la biodiversité de la faune (richesse en espèces de mammifères) est élevée. Leur émergence implique souvent des interactions dynamiques entre les populations d'animaux sauvages, de bétail et de personnes dans des environnements en évolution rapide.

Ainsi, les principaux points chauds se situent en Asie du Sud-Est et dans l'ouest de l'Afrique sub-saharienne.

La carte des risques réunit plusieurs facteurs: activités humaines de modification du territoire (déforestation, urbanisation, agriculture et élevage intensifs) et la densité de la population. [RTS - Allen et al., Nature communications]
La carte des risques réunit plusieurs facteurs: activités humaines de modification du territoire (déforestation, urbanisation, agriculture et élevage intensifs) et la densité de la population. [RTS - Allen et al., Nature communications]

"Ces endroits de la planète rassemblent des conditions écologiques, socio-culturelles, démograpgiques, qui font que le risque est particulièrement important", précise Rafael Ruiz de Castaneda.

Comportements humains responsables

Plusieurs facteurs sont à l'origine d'un risque élevé. Parmi eux, la consommation d'animaux sauvages, la déforestation pour l'agriculture intensive et la forte densité de population.

"Ces virus hébergés par les chauves-souris sont asymptomatiques et inoffensifs pour la chauve-souris, qui n'est qu'un réservoir. Elles n'y sont pour rien, mais jouent un rôle écologique important, dans la pollinisation ou la destruction des insectes nuisibles comme les moustiques. C'est nous qui créons les conditions du passage du virus chez l'homme, du fait de nos comportements", déplore Isabelle Bolon.

Parmi les solutions envisagées, celle de réguler les activités dans les marchés et les élevages. La Chine vient d'ailleurs de suspendre le commerce d'animaux sauvages, tels que les chauves-souris, pangolins, rats de bambous ou serpents, plongeant des milliers d'éleveurs dans le désarroi.

>> Voir le reportage du 19h30 :

La Chine interdit à présent le commerce d'animaux sauvages. Reportage.
La Chine interdit à présent le commerce d'animaux sauvages. Reportage. / 19h30 / 2 min. / le 14 mai 2020

Guider les politiques

Face à la menace, des efforts internationaux ont été lancés, avec un regain d'intérêt pour une approche de santé publique intégrant la santé de la faune. C'est l'idée d'une santé globale, dite OneHealth, une seule santé pour tous. "On peut déjà voir un effort ciblé via la collaboration étroite avec des ministères de la santé, des ministères de l'agriculture et de l'environnement pour trouver un mécanisme de collaboration au niveau national pour avoir un impact local", confirme Rafael Ruiz de Castaneda.

Le perfectionnement de l'indice de risque de ces maladies émergentes pourrait aussi guider les politiques de planification de grands programmes de changement d'utilisation des terres tels que l'exploitation forestière, les concessions minières, la construction de barrages et le développement de routes. Ces activités comportent un risque intrinsèque d'émergence de la maladie en augmentant le contact humain ou du bétail avec la faune sauvage ou en perturbant la dynamique de la maladie chez les animaux hôtes.

L'enjeu pour le futur sera donc de prévenir plutôt que guérir en ciblant les interventions dans les points chauds.

Aurélie Coulon et Feriel Mestiri

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