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Une exo-Terre à seulement quatre années-lumière de notre Planète bleue

Vue d'artiste de Proxima b, l'exoplanète connue la plus proche de la Terre. [Science Photo Library/MGA/AFP - Mark Garlick]
Vue d'artiste de Proxima b, l'exoplanète connue la plus proche de la Terre. - [Science Photo Library/MGA/AFP - Mark Garlick]
L'étoile la plus proche du système solaire, Proxima du Centaure, est accompagnée d'une planète similaire à la Terre. On pourrait même y trouver de l'eau sous forme liquide, selon une étude avec participation genevoise publiée dans la revue Astronomy & Astrophysics.

La planète en question, Proxima b, équivaut à 1,17 masse terrestre et évolue dans la zone habitable de son étoile autour de laquelle elle tourne en 11,2 jours, a indiqué jeudi l'Université de Genève (UNIGE) dans un communiqué.

En tournant autour de leur étoile, les planètes la font bouger très légèrement grâce à la gravitation. Vu depuis la Terre, c'est comme si l'étoile était animée d'un léger mouvement de va-et-vient. Les astronomes détectent ces petits changements de vitesse grâce à un spectrographe. [RTSdécouverte - Agnès Rubin]
En tournant autour de leur étoile, les planètes la font bouger très légèrement grâce à la gravitation. Vu depuis la Terre, c'est comme si l'étoile était animée d'un léger mouvement de va-et-vient. Les astronomes détectent ces petits changements de vitesse grâce à un spectrographe. [RTSdécouverte - Agnès Rubin]

Cette avancée a été rendue possible grâce aux mesures de vitesse radiale d'une précision inédite effectuées avec ESPRESSO, le spectrographe de fabrication suisse le plus précis actuellement en opération et installé sur le Very Large Telescope au Chili.

Proxima b a été détectée une première fois il y a quatre ans à l'aide d'un spectrographe plus ancien, HARPS, également développé par l'équipe genevoise, qui avait alors mesuré une faible perturbation de la vitesse de l'étoile suggérant la présence d'un compagnon.

>> lire : Découverte de Proxima b, l'exoplanète la plus proche de la Terre

ESPRESSO a effectué des mesures de vitesse radiale sur l'étoile Proxima Centauri, située à seulement 4,2 années-lumière du Soleil, avec une précision de 30 centimètres par seconde (cm/s), soit environ trois fois supérieure à celle obtenue avec HARPS.

>> Ecouter CQFD, "Du nouveau sur Proxima b, une exo-Terre proche", avec l'interview du Professeur Francesco Pepe :

Vue d'artiste de la surface de Proxima b, une planète extrasolaire de la taille de la Terre en orbite autour de l'étoile Proxima du Centaure.
Observatoire européen austral, (ESO)
Unige [Unige - Observatoire européen austral, (ESO)]Unige - Observatoire européen austral, (ESO)
Du nouveau sur Proxima b, une exo-Terre proche / CQFD / 10 min. / le 29 mai 2020

Meilleures mesures

"Nous étions déjà très contents des performances de HARPS, à l'origine de la découverte de centaines d'exoplanètes ces dernières dix-sept années", témoigne Francesco Pepe, professeur au Département d'astronomie de l'UNIGE et responsable d'ESPRESSO.

"Qu'ESPRESSO puisse produire des mesures encore bien meilleures nous réjouit. Cela représente une récompense gratifiante pour un travail d'équipe qui a duré presque dix ans", ajoute le chercheur, cité dans le communiqué.

"Confirmer Proxima b était une tâche importante", estime Alejandro Suarez Mascareño, auteur principal de la publication: "C'est l'une des planètes les plus intéressantes connues dans le voisinage solaire".

Vue du ciel austral au-dessus du télescope de 3,6 m de l'ESO à La Silla (Chili), qui a permis la détection de l'exoplanète Proxima b. Celle-ci est en orbite autour de la naine rouge Proxima Centauri (en bas à droite) voisine des étoiles Alpha Centauri A et B (à gauche), qui constituent le système stellaire le plus proche du nôtre. [AFP - EUROPEAN SOUTHERN OBSERVATORY]
Vue du ciel austral au-dessus du télescope de 3,6 m de l'ESO à La Silla (Chili), qui a permis la détection de l'exoplanète Proxima b. Celle-ci est en orbite autour de la naine rouge Proxima Centauri (en bas à droite) voisine des étoiles Alpha Centauri A et B (à gauche), qui constituent le système stellaire le plus proche du nôtre. [AFP - EUROPEAN SOUTHERN OBSERVATORY]

>> Lire aussi : Découverte de nouvelles planètes pouvant abriter une vie extraterrestre

Et la vie dans tout ça?

"ESPRESSO a permis de mesurer la masse de cette planète avec une précision de plus d'un dixième de la masse de la Terre", se réjouit Michel Mayor, prix Nobel de physique 2019 et "architecte" de tous les instruments de type ESPRESSO. "C'est du jamais vu", dit-il.

Bien qu'elle soit environ 20 fois plus proche de son étoile que ne l'est la Terre du Soleil, Proxima b reçoit une énergie comparable, de telle de sorte que la température à sa surface pourrait permettre à l'eau, s'il y en a, d'être par endroits sous forme liquide et donc d'abriter la vie.

>> Lire : Un océan pourrait recouvrir la surface de Proxima b, la "voisine" de la Terre

Cela dit, l'étoile Proxima est une naine rouge active qui bombarde sa planète de rayons X: elle en reçoit environ 400 fois plus que la Terre.

"Existe-t-il une atmosphère qui protège la planète de ces rayons mortels? Et si cette atmosphère existe, contient-elle les éléments chimiques favorables au développement de la vie – l'oxygène par exemple? Depuis combien de temps ces conditions favorables existent?", s'interroge Christophe Lovis, responsable des performances scientifiques et du traitement des données d'ESPRESSO.

"Nous allons nous attaquer à toutes ces questions, notamment à l'aide de futurs instruments comme les spectromètres RISTRETTO, que nous allons construire spécialement pour détecter la lumière émise par Proxima b, et HIRES qui sera installé sur le futur télescope géant ELT de 39 mètres que l'Observatoire européen austral (ESO) construit au Chili", conclut le scientifique.

>> Lire : Soixante ans de recherche de vie extraterrestre... et toujours rien

ats/sjaq

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Un second signal détecté

La précision des mesures effectuées par ESPRESSO pourrait apporter une autre surprise. L'équipe genevoise a en effet trouvé des indications d'un second signal dans les données dont la cause n'a pu être établie de manière définitive.

"Si ce signal était d'origine planétaire, cette éventuelle autre planète, accompagnant Proxima b, aurait une masse inférieure au tiers de la masse de la Terre et deviendrait la plus petite planète jamais mesurée par la méthode des vitesses radiales", indique Francesco Pepe.

Il faut préciser qu'ESPRESSO, mis en fonction en 2017, en est à ses débuts et ces premiers résultats ouvrent des perspectives insoupçonnées. Le chemin parcouru est vertigineux depuis la découverte de la première planète extrasolaire par Michel Mayor et Didier Queloz, tous deux du Département d'astronomie de l'UNIGE.

En 1995, la géante gazeuse 51Peg b a été détectée avec le spectrographe ELODIE affichant une précision de 10 mètres par seconde (m/s). Aujourd'hui, ESPRESSO, avec ses 30 cm/s (et bientôt 10 après les derniers réglages) permettra peut-être d'étudier des mondes rappelant la Terre.