"En Europe, les régions méridionales seront certainement les
plus durement touchées par le réchauffement", a déclaré à Genève
lors d'une conférence de presse Andreas Fischlin, directeur du
Groupe d'écologie des systèmes terrestres de l'EPFZ. Il a souligné
que dans la région alpine, en raison de l'altitude, les
températures resteront plus clémentes.
Même si la fonte des glaciers s'accélère, les grands glaciers
seront toujours là. Il y aura toujours assez d'eau disponible
pendant les vagues de chaleur. "Les habitants des Alpes sont plutôt
privilégiés. Plus vous vivez au sud, plus la situation sera
mauvaise", a expliqué le spécialiste, une allusion aux conséquences
nettement plus graves des changements climatiques dans les pays en
développement, notamment en Afrique.
Domaine du ski perdant
En Europe, environ 2,5 millions d'habitants des régions côtières
les plus basses, par exemple aux Pays-Bas, en Espagne et en Italie,
seront menacés par la hausse du niveau des mers. Les études du
Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat
(GIEC) montrent que le climat déjà chaud et semi aride du sud de
l'Europe se réchauffera progressivement, avec un risque accru de
sécheresse et de lourdes menaces pesant sur les ressources en eau,
l'agriculture et les forêts.
Martin Beniston, de l'Université de Genève, également co-auteur du
rapport du GIEC, estime que les conséquences économiques doivent
être analysées secteur par secteur. "Certainement le domaine du ski
sera un grand perdant, en raison du manque de neige à moyenne
altitude, mais d'autres secteurs trouveront des opportunités dans
le réchauffement du climat", a relevé M.Beniston.
Productivité agricole en hausse
Si le réchauffement reste en-deçà de 2,5 degrés, la productivité
agricole augmentera dans le nord de l'Europe. Les deux experts ne
prévoient pas que la malaria se répande facilement dans la région
alpine.
Pour le professeur Fischlin, les pays européens devraient être en
mesure de s'adapter. Une meilleure préparation aurait pu par
exemple éviter 80% des 70'000 victimes de la canicule de
2003.
ats/boi
Pas forcément de canicule en 2007
Interrogé sur l'éventualité d'une canicule cet été en Europe, similaire à celle de 2003, Martin Beniston a indiqué que les prédictions sont très hasardeuses.
"L'évolution dépend de facteurs complexes", dit-il.
Par exemple, il faut que le pourtour du bassin méditerranéen ait connu une sécheresse pendant l'hiver, ce qui n'a pas été le cas cette année», a indiqué le spécialiste.
"Nous aurons certainement des journées très chaudes, mais pas nécessairement une canicule en 2007", a déclaré M.Beniston.
A la fin du siècle, la Suisse devrait connaître tous les deux ans des étés aussi chauds que celui de 2003, mais cette évolution sera seulement progressive.