"Si nous continuons à faire ce que nous faisons maintenant, nous
aurons de sérieux problèmes", a averti Ogunlade Davidson,
co-président d'un groupe de travail du Groupe intergouvernemental
d'experts sur l'évolution du climat (Giec) qui a examiné cette
semaine des solutions possibles au réchauffement.
Les 20 à 30 prochaines années seront cruciales dans les efforts
pour atténuer le changement climatique, a indiqué le Giec dans un
"résumé pour les décideurs" politiques, qui est une synthèse
consensuelle de ses travaux.
Les mesures de lutte
Ce document, approuvé vendredi par les quelque 400 délégués du
Giec réunis depuis lundi à Bangkok, "identifie clairement des
mesures pour lutter contre le changement climatique à un coût
relativement modéré", a estimé Rajendra Pachauri, président du
Giec.
Selon ce rapport, les mesures
visant à limiter la hausse des températures autour de +2°C (par
rapport à 1980-1999) se traduiraient par une baisse de 0,12% du
taux de croissance annuelle du PIB à partir de 2030. Un arsenal de
solutions technologiques et de mesures réglementaires permettraient
de lutter efficacement contre le changement climatique.
Energies renouvelabes
Parmi les options retenues par le Giec figurent en bonne place
les énergies renouvelables - éolien, solaire, géothermie - mais
également le nucléaire, ce qui n'a pas manqué de provoquer quelques
frictions parmi les délégués, certains pays y étant farouchement
opposés. Les possibilités de réduction des émissions de gaz à effet
de serre (GES), dont le principal est le dioxyde de carbone, jugés
responsables du réchauffement, sont nombreuses.
La question des coûts a dominé les cinq jours de discussions du
Giec, suscitant des débats animés, notamment entre pays en
développement et nations industrialisées. Le résumé approuvé
vendredi met en évidence des "coûts de réduction tout à fait
abordables", a indiqué Marc Gillet, chef de la délégation
française.
La Chine rechigne
Pendant les quatre jours de négociations, y compris dans la nuit
de jeudi à vendredi, cette question des coûts des mesures à prendre
pour lutter contre l'effet de serre a suscité des frictions entre
les pays représentés. Selon des délégués, la Chine, notamment, a
cherché à limiter la portée des recommandations.
La Chine a notamment exercé un blocage, faisant pression pour que
soit retiré du rapport un passage selon lequel l'utilisation de
charbon est une des causes principales de l'augmentation drastique
des émissions de CO2, a-t-il expliqué. Selon lui, les Etats-Unis,
mais aussi de pays émergents comme l'Inde, s'abritent derrière la
position de la Chine.
agences/nr/hof
Objectif 2015
Le temps presse, a souligné le Giec: les émissions mondiales de GES devraient commencer à décroître à partir de 2015 si on veut contenir la hausse de la température mondiale moyenne entre +2°C et +2,4°C, a estimé le Giec.
Dans un précédent rapport publié en février à Paris, il avait indiqué que la hausse des températures pourrait atteindre jusqu'à +6,4°C d'ici 2100, dans le pire des cas, par rapport à la période 1980-1999.
Ce nouveau rapport du Giec montre qu'il est possible de contrer le réchauffement à moindre coût en s'y attelant "dès lundi", ont estimé plusieurs ONG parmi lesquelles le Fonds mondial pour la nature (WWF).
Pour Greenpeace, le texte appelle maintenant "une réponse politique sérieuse" de la part des dirigeants du monde.
Une publication en plusieurs étapes
Les travaux du groupe de travail III du Giec viennent compléter les deux premiers chapitres du 4e rapport du Giec.
Ceux-ci avait été publiés le 2 février à Paris, sur l'ampleur du changement climatique, et le 6 avril à Bruxelles, sur les conséquences inquiétantes de ce phénomène.
Le Giec a déjà publié trois rapports, en 1990, 1995 et 2001, confirmant le rôle de l'homme dans le réchauffement climatique constaté au XXe siècle.