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L'OMS salue la percée scientifique d'un stéroïde contre le Covid-19

La dexaméthasone pourrait réduire la mortalité des malades sévèrement atteints du covid-19.
La dexaméthasone pourrait réduire la mortalité des malades sévèrement atteints du covid-19. / 19h30 / 2 min. / le 20 juin 2020
L'OMS a salué une "percée scientifique" après l'annonce, par des chercheurs britanniques, qu'un médicament de la famille des stéroïdes réduisait significativement la mortalité chez les malades gravement atteints par le Covid-19.

Les espoirs de trouver un traitement largement disponible et bon marché contre le Covid-19 ont été avivés mardi par l'annonce des responsables de l'essai clinique britannique Recovery qu'un stéroïde, le dexaméthasone, réduisait d'un tiers la mortalité chez les malades les plus gravement atteints. Ce médicament, peu cher et facilement disponible, est déjà utilisé dans de nombreuses indications pour son effet anti-inflammatoire puissant.

Selon eux, globalement, "une mort sur huit pourrait être évitée grâce à ce traitement chez les patients placés sous ventilation artificielle".

"C'est le premier traitement avéré qui réduit la mortalité chez les patients atteints par le Covid-19 sous assistance d'oxygène ou de respirateur", a commenté le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans un communiqué. "C'est une bonne nouvelle et je félicite le gouvernement britannique, l'université d'Oxford et les nombreux hôpitaux et patients au Royaume-Uni qui ont contribué à cette percée scientifique qui sauve des vies".

>> Interview de interview de Jérôme Pugin, médecin chef des soins intensifs aux HUG :

Jérôme Pugin, médecin-chef du service des soins intensifs des Hôpitaux universitaires de Genève. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]Keystone - Salvatore Di Nolfi
L'OMS salue une percée de la recherche contre le Covid-19: interview de Jérôme Pugin / Forum / 6 min. / le 17 juin 2020

Un cap a été franchi

A Genève, le médecin-chef du service des soins intensifs des Hôpitaux universitaires de Genève Jérôme Pugin a confié sa joie dans l'émission Forum de la RTS mercredi. "C'est une surprise. On voit avec plaisir le premier traitement efficace contre le Covid-19 poindre son nez".

Il confirme qu'on a franchi un cap dans le traitement de la maladie: "C'est une étude robuste, avec 11'500 malades introduits dans cet essai, et la participation de plus de 150 hôpitaux britanniques. Baisser une mortalité d'un tiers, ce n'est pas rien. Le comité qui surveillant cet étude l'a d'ailleurs arrêtée, car ça ne devenait plus éthique de ne pas donner de la dexaméthasone" aux malades du groupe témoin, a-t-il illustré.

Le comité qui surveillant cet étude l'a arrêtée car il ne devenait plus éthique de ne pas donner de la dexaméthasone au groupe témoin

Jérôme Pugin, médecin-chef du service des soins intensifs des Hôpitaux universitaires de Genève

Analyse complète ces prochains jours

"Les chercheurs ont partagé les premières informations sur les résultats de l'essai avec l'OMS, et nous espérons vivement connaître l'analyse complète des données dans les prochains jours", a ajouté l'OMS. L'organisation va maintenant conduire une "méta-analyse" de ces recherches dans le but d'actualiser ses directives pour "refléter comment et quand le médicament devrait être utilisé" contre la maladie.

>> Ecouter aussi le sujet de CQFD sur la dexaméthasone :

La dexaméthasone est un traitement à base de corticostéroïde.
PVV/Science Photo Library
AFP [PVV/Science Photo Library]PVV/Science Photo Library
La dexaméthasone, un stéroïde prometteur contre le COVID-19 / CQFD / 11 min. / le 18 juin 2020

Un médicament d'une autre famille, l'antiviral remdesivir, a montré une certaine efficacité pour accélérer le rétablissement des malades hospitalisés à cause du Covid-19. L'annonce avait officiellement été faite fin avril par les autorités américaines. Mais le remdesivir n'a en revanche pas pu prouver qu'il permettait d'éviter des morts. A ce stade, malgré une multitude de pistes, aucun autre traitement n'a eu de résultats probants.

L'hydroxychloroquine écartée

Début juin, le même essai Recovery avait conclu que l'hydroxychloroquine, en laquelle certains pays placent beaucoup d'espoirs, n'avait pas d'effet bénéfique contre le Covid-19. Ce constat a conduit lundi les autorités sanitaires américaines à retirer l'autorisation d'utiliser en urgence l'hydroxychloroquine contre le Covid-19, ainsi qu'un médicament proche, la chloroquine, qui avaient un temps été défendus par le président Donald Trump.

Enfin, le groupe hospitalier parisien AP-HP avait assuré fin avril qu'un autre médicament, le tocilizumab, réduisait "significativement" le risque de mourir ou d'aller en réanimation chez les patients du Covid-19 dans un état grave. Mais ces affirmations n'ont pas encore été étayées par des chiffres ou la publication d'une étude.

>> Interview de l'infectiologue Oriol Manuel dans le 19h30 :

L'infectiologue Oriol Manuel sur la dexaméthasone et ses effects sur le coronavirus.
L'infectiologue Oriol Manuel sur la dexaméthasone et ses effects sur le coronavirus. / 19h30 / 3 min. / le 20 juin 2020

afp/jpr/vic

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Combinaison de plusieurs médicaments

Nombre de spécialistes pensent que la clé du traitement du Covid-19 passera non pas par un médicament unique mais par une combinaison de plusieurs d'entre eux. L'une des solutions pourrait peut-être consister à "combiner de faibles doses de dexaméthasone avec d'autres médicaments qui agissent sur l'inflammation, ou avec des thérapies qui ciblent le virus, comme le remdesivir", a ainsi expliqué mardi le Dr Stephen Griffin, de l'université de Leeds.

Dans le cadre de l'essai Recovery, 2104 patients ont reçu du dexaméthasone (par voie orale ou intraveineuse) pendant 10 jours, à une dose de 6 mg par jour. En comparant aux 4321 autres patients qui ne l'avaient pas reçu, les chercheurs ont déterminé que le traitement a réduit d'un tiers la mortalité chez les malades placés sous ventilation artificielle.

En outre, la mortalité a été réduite d'un cinquième chez des patients moins gravement atteints, à qui on administrait de l'oxygène grâce à un masque, sans les intuber. En revanche, le traitement n'a montré aucun bénéfice pour les patients qui ne nécessitaient aucune assistance respiratoire. Ces résultats n'ont pas encore été publiés sous la forme d'une étude détaillée, mais ont uniquement fait l'objet d'un communiqué de Recovery.

Après son évaluation de l'hydroxychloroquine, c'est la deuxième fois que cet essai clinique majeur permet d'arriver à une conclusion d'importance sur le Covid-19. Au total, plus de 11'500 patients de 175 hôpitaux britanniques participent à cet essai, qui évalue plusieurs traitements.