En Grande-Bretagne, le bruit a diminué de cinq décibels pendant le confinement. En Suisse, l'Office fédéral de l’environnement a tout de suite perçu une réduction de trois décibels. Une variation importante qui a certainement des effets sur notre santé, comme l'explique la biologiste Sophie Hoehn, directrice de la section bruit à l’OFEV.
"L'oreille est un système d'alarme. S'il y a un bruit extérieur, votre corps va sécréter une petite quantité d'hormones de stress. Et si pendant la nuit vous avez à intervalle régulier des pics de bruit liés à un avion ou à un véhicule bruyant, vous aurez des pics d'hormones de stress, qui après un certain nombre d'heures de pseudo-sommeil vont créer chez vous des dégâts, des maladies cardio-vasculaires liées au stress ou du diabète."
Hormones du stress moins activées
Avec le ralentissement et la diminution du bruit, nos hormones de stress sont moins activées, ce qui nous permet de nous régénérer. C’est en tout cas le premier constat de l’étude de The Quiet Project, qui est encore en cours: beaucoup de témoignages vont dans le sens d’un mieux-être, même si certains sont en manque de vibrations urbaines – le brouhaha peut rassurer quand il devient notre environnement sonore habituel. Mais le corps, lui, ne s’habitue pas.
Ces effets néfastes du bruit sur notre santé ont été démontrés par des études scientifiques. Toutefois, avec le confinement, on peut aujourd'hui les mesurer pour la première fois dans la réalité.
Urbanisme et sismologie
A plus long terme, ces observations sonores peuvent servir à intégrer la notion de calme dans l’urbanisme. Une diminution de trois décibels est comparable à la pose d'un revêtement silencieux dans nos rues ou d'une vitesse limitée à 30km/h. On a donc pu observer, en vrai, ce que donnerait de telles mesures.
Cette diminution du bruit a aussi été utile pour les sismologues. "On va pouvoir mieux comprendre la signature réelle de la terre par rapport à la signature de l'humain, explique Thomas Lecocq, sismologue à l'Observatoire Royal de Belgique.
"On a eu une décroissance extrêmement rapide du bruit, avec ensuite un retour à la normale qui est progressif, ce qui permet de mieux se rendre compte de ces effets-là. Cela va permettre à la sismologie de découvrir de nouvelles choses."
Sujet radio: Alexandra Richard
Version web: Antoine Schaub