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L'assemblage du gigantesque réacteur à fusion nucléaire Iter a débuté en France

Le projet Iter soulève l'espoir d'une énergie propre et inépuisable
Le projet Iter soulève l'espoir d'une énergie propre et inépuisable / 19h30 / 2 min. / le 28 juillet 2020
L'assemblage du réacteur de fusion nucléaire Iter a officiellement débuté mardi dans le sud de la France. Il s'agit de l'expérience scientifique la plus ambitieuse jamais tentée dans le domaine de l'énergie.

Le projet doit permettre de produire de l'électricité en grande quantité, sans gaz à effet de serre et sans déchets radioactifs.

"Avec la fusion, le nucléaire peut être une promesse d'avenir" en nous offrant "une énergie non polluante, décarbonée, sûre et pratiquement sans déchets", a estimé le président français Emmanuel Macron, dans une vidéo diffusée lors de la cérémonie organisée sur le site d'Iter, à Saint-Paul-lès-Durance.

Commentant ce projet lancé par un traité de 2006 et réunissant 35 pays, soit toute l'Union européenne (avec le Royaume-Uni), la Suisse, la Russie, la Chine, l'Inde, le Japon, la Corée du Sud et les Etats-Unis, le chef de l'Etat sud-coréen Moon Jae-In a également salué dans un message vidéo "le plus grand projet scientifique de l'histoire de l'humanité" et ce "rêve partagé de créer une énergie propre et sûre d'ici à 2050".

Un puzzle à assembler

Alternative rêvée aux énergies fossiles comme le pétrole, le gaz ou le charbon, émettrices de CO2, la fusion de l'hydrogène pourrait également remplacer l'énergie nucléaire: si la fission de l'atome produit des déchets radioactifs pendant des dizaines de milliers d'années, la fusion de l'hydrogène ne génère pas de déchets de longue vie, a insisté Bernard Bigot, le directeur général d'Iter.

Ces derniers mois, plusieurs composants de ce réacteur expérimental baptisé "Tokamak" - hauts pour certains comme un immeuble de quatre étages et pesant plusieurs centaines de tonnes -, ont été livrés sur le site en provenance d'Inde, de Chine, du Japon, de Corée du Sud ou encore d'Italie.

Les éléments arrivant peu à peu, reste à assembler le million de pièces de ce puzzle en trois dimensions, un travail qui devrait durer jusqu'en 2024 pour les 2300 personnes présentes sur le site.

De longs travaux

Ce gigantesque réacteur permettra de reproduire la réaction de fusion de l'hydrogène qui se produit naturellement au coeur du soleil et des étoiles: concrètement, cette fusion sera obtenue en portant à une température de l'ordre de 150 millions de degrés un mélange de deux isotopes de l'hydrogène transformé à l'état de plasma.

Iter pourrait produire son premier plasma fin 2025 début 2026 et le réacteur pourrait atteindre sa pleine puissance en 2035.

"Un gouffre financier"

Réacteur expérimental, Iter ne produira pas concrètement d'électricité. Il faudra attendre au mieux 2060 pour avoir le premier raccordement au réseau électrique d'un réacteur à fusion dérivé d'Iter.

Ces "soleils artificiels" font cependant l'objet de critiques récurrentes de la part d'écologistes, notamment français, qui y voient "un gouffre financier" et "un mirage scientifique". Le projet a ainsi déjà pris cinq ans de retard, avec un triplement du budget initial, à près de 20 milliards d'euros désormais.

afp/lan

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