Après Sojourner en 1997, Spirit et Opportunity en 2004 et Curiosity en 2012, un cinquième "rover" - véhicule conçu pour l'exploration du sol d'une autre planète ‒ s'apprête à fouler le sol martien. Son nom: Perseverance. Comme ses prédécesseurs, il est américain et devrait arriver sur la planète rouge le 18 février prochain.
Son lancement par une fusée Atlas V a eu lieu jeudi à 12h50 (en Suisse) depuis la base de Cap Canaveral en Floride. Le premier étage de la fusée s'est détaché quelques minutes plus tard. Une deuxième poussée, depuis l'orbite terrestre, a propulsé Perseverance sur sa trajectoire en direction de Mars. "C'est vraiment fantastique d'être parti après tout le travail abattu par cette équipe", a déclaré peu après le lancement Bobby Braun, un dirigeant de la Nasa.
Ramener des échantillons du sol martien sur Terre
La mission principale de Perseverance sera de chercher des traces de vie passée sur Mars, car les scientifiques pensent avoir de bonnes preuves qu'il y a plus de trois milliards d'années, la planète était plus chaude et couverte de rivières et de lacs, des ingrédients qui, sur Terre, ont fait naître des microbes.
Le rover lancé par la NASA emporte aussi un mini-hélicoptère, Ingenuity, qui tentera le premier vol d'un appareil sur une autre planète. Perseverance devrait toucher le sol de Mars dans le cratère Jezero, au nord-ouest du bassin d'Isidis Planitia, à l'ancien emplacement probable d'un lac qui conserve les traces de plusieurs deltas (voir ci-contre).
Son lancement se déroule dans le cadre de la mission "Mars 2020" de la NASA, première d'une série de trois missions dont l'objectif final est de ramener des échantillons du sol martien. Perseverance prélèvera ainsi une trentaine d'échantillons de roches dans des tubes, qu'une future mission américano-européenne récupérera pour qu'ils soient rapportés sur Terre, au plus tôt en 2031.
Bientôt trois robots sur Mars en même temps
La Chine, de son côté, a lancé son véhicule d'exploration la semaine dernière. Il devrait atterrir en mai 2021. Mars pourrait donc avoir trois rovers en activité l'an prochain, car Curiosity, qui a parcouru 23 km sur la planète rouge depuis 2012, est toujours en activité.
>> Lire à ce sujet : Décollage de la sonde chinoise à destination de la planète rouge
Le ciel de Mars risque d'être quelque peu bouchonné en 2021, car les Emirats Arabes Unis ont lancé de leur côté il y a dix jours leur première sonde spatiale en direction de la planète rouge, à l'aide d'une fusée japonaise. Sa mission: fournir des images de la planète pour mieux comprendre son atmosphère et son climat.
>> Plus de détails : La sonde émiratie "Al-Amal" a été lancée avec succès vers Mars
agences/Vincent Cherpillod
L'homme sur Mars: toujours pas pour demain
Le 11 mai 1990, le président américain George Bush annonçait la prochaine frontière de l'exploration spatiale: un homme sur Mars avant le 20 juillet 2019, cinquantième anniversaire du premier pas sur la Lune. Encore un peu plus tôt, on envisageait que l'être humain foulerait probablement le sol martien peu après le tournant de l'an 2000.
Cet engagement a fait long feu. Les promesses similaires de trois de ses successeurs (Bush fils, Barack Obama et Donald Trump) n'ont donné naissance à aucun programme concret. Aujourd'hui, aucune date certaine ne peut être annoncée.
"J'ai dû assister à 10'000 présentations sur la façon d'envoyer des humains sur Mars", confie ainsi l'ancien de la Nasa G. Scott Hubbard. "Mais personne depuis Kennedy n'a été capable de mettre les sommes conséquentes nécessaires". Selon plusieurs experts, les grands défis technologiques et de santé pour une telle mission, qui durerait deux ou trois ans, sont pourtant à peu près résolus.