Les êtres humains réagissent différemment à une infection par le
virus HIV. Certains individus disposent de défenses naturelles
fortes, d'autres non. Ce qui a poussé les chercheurs, il y a
quelques années, à se demander pourquoi on n'est pas tous égaux,
explique jeudi le professeur Amalio Telenti.
Ce chercheur de l'Institut de microbiologie de l'Universtié de
Lausanne dirige le bras européen d'une vaste recherche génétique
conduite depuis l'Université de Duke, aux Etats-Unis. Ce programme
baptisé CHAVI (Center for HIV/AIDS Vaccine Immunology), doté de 300
millions de dollars, vise le développement d'un vaccin contre le
sida.
Suisse bien placée
Les Américains ont fait appel aux Helvètes car ils se sont
rendus compte que la Suisse était "la mieux placée pour fournir un
collectif humain bien documenté depuis plusieurs années", souligne
le professeur Telenti.
L'étude a démarré avec un groupe de 30'000 personnes infectées par
le virus HIV et recrutées par le biais d'une centaine d'hôpitaux
dans le monde. Au final, les chercheurs (29 personnes de
compétences très diverses) ont concentré leurs efforts sur 486
patients, en procédant à une analyse détaillée de leur génome.
Code-barre de la personne
"Nous avons généré, ici en Suisse, une sorte de code-barre de la
personne, l'équivalent d'une étiquette de 500'000 lignes", explique
le chercheur. Ces données ont été transmises aux Etats-Unis pour
qu'elles soient analysées par des spécialistes, qui ont dressé un
classement des gènes les plus résistants.
"A notre grande surprise, on a trouvé trois gènes très puissants
contre le virus", relate Amalio Telenti. "Le premier de ces gènes
était déjà plus ou moins connu. Le deuxième n'avait encore jamais
été investigué et du troisième, on ne savait rien",
ajoute-t-il.
ats/boi
Perspectives intéressantes
La découverte ouvre de larges perspectives de recherche, d'autant plus que les millions de données récoltées seront accessibles à tous les chercheurs. "Il y a une telle quantité d'informations utiles que nous ne serions pas capables de tout gérer. Il serait inapproprié de tout garder pour nous", poursuit le professeur Telenti.
Ces recherches permettront de mieux comprendre le virus du sida et pourraient à terme déboucher sur le développement de vaccins, voire de médicaments. Un médicament, développé à partir de la découverte, il y a quelques années, d'un autre gène qui protège de l'infection, devrait d'ailleurs arriver bientôt sur le marché.
"Ce médicament est déjà utilisé à titre expérimental. Il attend l'approbation des autorités américaines et suisses", explique le chercheur. Il devrait servir en premier lieu aux personnes pour lesquelles tous les autres traitements ont échoué.