Filtres destructeurs de virus, lampes qui les tuent, revêtement autodésinfectant... Une palette technologique qui veut lutter contre le SARS-CoV-2. Et la Suisse n'est pas en reste.
A l'EPFL notamment, les initiatives de recherche pour combattre le Covid-19 sont nombreuses. Un comité académique a sélectionné une vingtaine de projets issus de toutes les facultés. Parmi ceux-ci, beaucoup concernent l'aspect purement thérapeutique.
Les domaines d'investigations s'étendent à la protection des environnements et des surfaces potentiellement contaminés par le virus. Par exemple, un revêtement transparent qui neutralise le virus: il s'applique sur du verre – celui des fenêtres en particulier.
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Le danger de l'humidité
Autre projet, un filtre photo-catalytique: un papier qui retient les agents pathogènes et les détruit sous l'effet de la lumière. A l'origine, c'est un tissu mis au point pour la désinfection de l'eau; utile également pour les masques où s'amoncellent des gouttelettes.
Il peut aussi être efficace pour les systèmes de ventilation, notamment les climatiseurs: "c'est un grand problème dans les hôpitaux, dans les avions, dans les bureaux, parce que, quand on les coupe, l'humidité s'installe", note László Forró, directeur du laboratoire de physique de la matière complexe à l'EPFL: "Et dans cette humidité, les bactéries et les virus prolifèrent. Et quand on enclenche à nouveau le climatiseur, on souffle dans l'espace toutes ces bactéries. Mais si, à l'intérieur, il y a un tissu ou un filtre créé avec ce matériau, on peut déjà les tuer avant qu'elles ne sortent".
La redoutable poignée de porte
Autre innovation, celle de CleanMotion: issue de l'EPFL, cette start-up a ciblé les poignées de porte. En termes de transmission microbienne, les utiliser à la sortie de WC correspondrait à serrer la main à environ 10'000 personnes...
L'entreprise a donc développé une poignée de porte autodésinfectante: "La poignée ressemble exactement à une poignée que vous voyez tous les jours", explique l'un des co-fondateurs de CleanMotion, Giovanni Barilla.
"Sauf que, sur notre poignée, on a un anneau qui fait un aller-retour à chaque enclenchement de la poignée et cet anneau disperse sur toute sa surface un liquide autodésinfectant pour éliminer toutes les bactéries et les potentiels virus," ajoute-t-il.
Il est intéressant de souligner que ces inventions ne découlent pas directement de la crise du coronavirus: les deux ont été imaginées et préconçues avant.
Prise de conscience autour de l'hygiène
Ce qui est sûr, c'est que la situation liée à la propagation du Covid-19 a fait bouger les choses: "Les mentalités sont en train de changer", remarque Giovanni Barilla.
"Les gens prennent conscience que l'hygiène est quand même très importante et que si on n'y fait pas assez attention, la moindre inattention peut causer de grands dégâts. Et je pense que beaucoup de gens se sentent concernés par ce sujet".
Dans les deux cas, ces innovations ne sont pas encore sur le marché. Pour les poignées désinfectantes, des tests probants ont été effectués au sein d'établissements publics.
Pour la plupart, ces projets doivent encore bénéficier de fonds d'investissement: la vigilance toujours requise en matière de sécurité sanitaire pourrait accélérer le processus.
Donc lavez-vous bien paumes et doigts en sortant des toilettes: pensez aux 10'000 poignées de mains à des inconnus...
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Sujet radio: Pierre-Etienne Joye
Adaptation web: Stéphanie Jaquet