Posant mardi devant un gros gâteau blanc en forme de tour de
guet, décoré de pirogues, de palmiers et des animaux de la
création, le ministre japonais de l'Environnement Ichiro Kamoshita
a fait passer le message: le prochain accord de lutte contre
l'effet de serre "devra être global", c'est-à-dire intégrer les
Etats-Unis mais aussi la Chine, en passe de devenir le premier
pollueur de la planète, quitte à imaginer de nouveaux
mécanismes.
Fort de 176 Etats parties, le protocole assigne aux seuls 37
pays industrialisés des objectifs de réduction de leurs émissions
de gaz à effet de serre (GES) à l'horizon 2012 (par rapport aux
niveaux de 1990).
Durcir les engagements
L'enjeu mondial est de reconduire ces engagements, et même de
les durcir, au-delà de 2012 et de ciseler à temps un texte
ambitieux pour répondre à l'urgence du réchauffement telle que
précisée cette année par les experts du GIEC.
"L'idéal serait d'avoir terminé les négociations en 2009 mais
quoiqu'il arrive, la conférence devra fixer une date-butoir sinon
on prend le risque de négocier sans limite", a insisté le plus haut
responsable du climat à l'ONU, Yvo de Boer.
Opposition à une référence chiffrée
Kyoto fixe un objectif global de -8% d'émissions de GES en 2012.
Notoirement insuffisant puisqu'elles ne cessent de croître. Pas
question à Bali d'arrêter de nouveaux objectifs chiffrés, a rappelé
Yvo De Boer, mais bel et bien "d'affirmer une ambition" conforme
aux mises en garde des scientifiques. Celle-ci viserait une
réduction souhaitable des émissions mondiales autour de moins 25 à
moins 40% de GES d'ici 2020.
Mais les Etats-Unis, le Japon, la Russie, le Canada et l'Australie
s'opposent à toute référence chiffrée. Ce front du refus a sonné
comme une alarme dans les couloirs de la conférence: "Les prochains
jours vont être décisifs et non sans difficultés" a prévenu le
commissaire européen à l'Environnement.
Une affaire d'argent
Par ailleurs, Yvo de Boer a appelé mardi les ministres des
Finances réunis à Bali à apporter les fonds nécessaires à la lutte
contre le réchauffement planétaire.
Quelque 37 pays ont délégué leur ministre des Finances ou des
experts à la première réunion de ce type organisée en marge de la
conférence des Nations unies sur le climat. "Dans ce processus, ce
sont les ministres de l'Environnement qui arrêtent les objectifs,
mais il revient aux ministres des Finances et de l'Economie de nous
y conduire", selon Yvo de Boer.
ats/afp/bri
La Suisse aide la forêt tropicale
La Suisse va soutenir un fonds climatique de la Banque mondiale destiné à financer des mesures de préservation de la forêt tropicale, lancé mardi en marge de la conférence de Bali sur le climat.
Berne va participer à hauteur de 8,75 millions de francs. Cet instrument lancé jeudi par le président de la Banque mondiale Robert Zoellick est baptisé Forest Carbon Partnership Facility.
Avec la disparition annuelle de près de 12 millions d'hectares (près de trois fois la superficie de la Suisse), la déforestation tropicale représente une source importante de gaz à effet de serre, souligne mardi le Secrétariat d'Etat à l'économie.
Les manchots en mauvaise posture
Les quatre principales espèces de manchots vivant dans l'Antarctique sont menacées de disparaître en raison du réchauffement climatique, a mis en garde mardi à Bali le WWF.
Les manchots Adélie connaissent "un déclin dramatique", avec déjà une chute de 65% de leur population totale. Le réchauffement est cinq fois plus rapide dans l'Antarctique que dans le reste de la planète.
Le nombre de manchots empereur est lui tombé de moitié sur le continent, principalement en raison de l'étendue de glace qui s'amincit.
Les manchots à jugulaire ont eux vu leur population tomber de 30 à 60% et les manchots papous (aussi appelés Gentoos) souffrent du réchauffement et d'une baisse de ressources en poissons.