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La Suisse effectue peu de tests Covid-19 en comparaison internationale

La Suisse a moins testé que la plupart des pays voisins.
La Suisse a moins testé que la plupart des pays voisins.
Alors que des voix s'élèvent pour demander davantage de dépistages en Suisse pour lutter contre la pandémie, une analyse de la RTS montre que le pays teste moins que ses voisins européens ou les États-Unis.

Indispensables pour endiguer le Covid-19, les tests restent parcimonieux en Suisse. Durant l'été, 5,3 personnes sur 1000 se sont vu administrer le fameux frottis en moyenne chaque semaine. En France et en Allemagne, ce nombre s'élevait à 8, une différence significative. Aux États-Unis, il atteignait même 17,6.

La faiblesse de la Suisse en la matière a d'ailleurs suscité un coup de gueule du désormais célèbre professeur Didier Pittet. "La Suisse doit se réveiller", disait-il le 8 septembre dans un entretien à la RTS.

>> Lire aussi : "Aujourd'hui, la Suisse ne teste pas assez. Elle doit se réveiller"

La Suisse ne dispose-t-elle pas des moyens pour effectuer plus de tests? Interpellé par la RTS, l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) affirme que ce n'est pas le noeud du problème, puisque "les capacités maximales ne sont pas atteintes". Ce maximum oscille, selon l'office, entre 20'000 et 25'000 prélèvements par jour, soit une marge de plusieurs milliers avec les 16'000 à 17'000 examens effectués actuellement. L'OFSP dit toutefois travailler "pour assurer un volume encore plus grand".

Certains pays ont pris des initiatives agressives pour inciter leur population à se faire diagnostiquer, à l'image des drive-in qui ont vu le jour ou des campagnes menées y compris auprès des personnes asymptomatiques.

En Suisse, les tests se déroulent essentiellement dans les structures médicales traditionnelles et concernent presque exclusivement les personnes symptomatiques. Pour l'OFSP, la responsabilité des opérations de dépistages revient aux cantons, à qui les autorités bernoises "recommandent d’assurer un accès facile aux tests, entre autres par des centres de tests tels que des drive-in."

Les enfants, grande inconnue

De plus, selon les pratiques en vigueur, les enfants sont peu dépistés. Certains médecins estiment qu'il faudrait urgemment modifier cette approche, à l'image de la virologue Isabella Eckerle, qui milite pour qu'un plan de bataille soit établi.

A l'heure de la rentrée, elle écrivait sur Twitter: "La Suisse est mal préparée: les mesures de prévention varient entre les écoles et les cantons, pas de lignes directrices ni de stratégie nationales - et pire, pas de dépistage conséquent des enfants de moins de 12 ans. [...]"

Les soupçons pèsent à nouveau sur les enfants en tant que possible vecteur du Covid-19. Interrogé sur ce point, l'OFSP explique qu'il "réévalue les recommandations avec les pédiatres en regard de la situation épidémiologique".

L'office rappelle qu'il "ne déconseille pas les tests pour les enfants" mais reconnaît l'existence "d'exceptions" au dépistage, y compris chez les enfants présentant des symptômes cohérents avec le Covid-19. Ces exceptions semblent nombreuses, au regard de la faible quantité de tests effectués chez les 0-9 ans.

Taux de positif élevé

Même s'ils sont relativement stables, les chiffres démontrent que les autorités ne peuvent pas prendre ces questions à la légère. La recrudescence de cas actuelle ne peut s'expliquer uniquement par la quantité de tests. D'abord, comme expliqué précédemment, parce que celle-ci est relativement faible.

Ensuite, parce que le taux de cas positifs est, lui, plutôt élevé. Cela signifie qu'une part conséquente des personnes ayant effectué le dépistage s'avère atteinte du Covid-19.

Certes, la Suisse ne figure pas en tête des pays affichant le plus de cas positifs. Néanmoins, les pays plus affectés mènent tous, désormais, une politique très agressive de détection de la maladie pour endiguer le problème. Ici, le bilan des autorités sanitaires semble modeste sur les deux tableaux.

Tybalt Félix

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