L’idée est aussi simple que folle. Les datacenters ont besoin d’eau fraîche pour refroidir les ordinateurs. Dès lors, pourquoi ne pas les mettre directement dans la mer? Car les serveurs sont de gros consommateurs d’électricité et plus de la moitié de l’énergie sert uniquement au refroidissement.
Microsoft a donc placé une cuve contenant des serveurs par 35 mètres de fond au large de l’Ecosse, dans les îles Orcades. Durant deux ans, le système a été testé et observé à distance. Aujourd’hui, l’entreprise livre ses premiers résultats encore partiels.
Le pari technologique est réussi, estime Microsoft. Seuls 8 des 864 serveurs sont tombés en panne. Cette fiabilité du système est expliquée par l’atmosphère d’azote à l’intérieur du container, beaucoup moins corrosif que l’oxygène. Il n’y a pas eu d’intervention humaine et donc le matériel n’a pas été bousculé. Les composants sont restés en place.
Pour les villes côtières
La fiabilité est indispensable pour développer cette technologie, car il est évident qu’un technicien ne peut pas plonger à la moindre avarie.
A noter que tout le matériel de cette expérience est recyclable. Mais Microsoft voit au-delà des questions écologiques et espère également s’y retrouver sur le plan économique. La multinationale cible le marché des villes côtières, soit environ 2 milliards de personnes.
Il n’y a pas d’employés sur place pour la maintenance, d’où un gain en personnel. L’entreprise peut implanter un datacenter en moins de 90 jours et ainsi répondre rapidement à la demande d’un client.
Des questions en suspens
De plus, la proximité du centre de données permet d’augmenter la vitesse pour les internautes. En effet, un signal voyage à 200 km/millisecondes sur internet. Plus vous êtes loin, plus c’est lent.
Le projet a du potentiel, selon Microsoft. A terme, l’entreprise prévoit de placer 12'000 serveurs sous l’eau. C’est peu, alors que les grands datacenters possèdent plus d’un demi-million d’ordinateurs et que notre consommation de données ne fait qu’augmenter.
Mais plusieurs questions restent ouvertes. La chaleur émise par le container a-t-il eu un impact sur l’environnement? Quels sont les risques de pollution? Le système peut-il être implanté dans des mers chaudes? Quelle est réellement la durée de vie d’un de ces datacenters avant qu’ils ne soient recyclés?
Pascal Wassmer