"Déménager est notre seule chance d'avenir. Nous allons perdre
notre identité mais nous n'avons pas d'autre choix, les îles sont
en train de rétrécir", a lancé Ursula Rakova, des îles Carteret,
des atolls situés en Papouasie Nouvelle-Guinée (PNG).
Pour des habitants de l'océan Indien et du Pacifique, la montée
des eaux salées a d'ores et déjà des conséquences visibles, si ce
n'est terribles, avec des terres grignotées, des nappes phréatiques
contaminées et des cultures perdues. "Allons-nous laisser nos
enfants partir à la dérive dans la mer ou allons-nous les aider
maintenant?", a interrogé Ursula Rakova.
Si cela continue,
peut-être serons-nous abandonnés en compagnie de trois cocotiers,
accrochés à une parcelle de terre. Où est notre avenir?
Tangaroa Arobati
Fonte des glaces en cause
La hausse du niveau des océans dépend de la rapidité de la fonte
des glaces du Groenland et de l'Antarctique. Au rythme actuel (+3
mm par an de 1996 à 2006), les océans pourraient avoir gagné 1,40
mètre d'ici 2100, selon le Climate Institute de Sydney (Australie),
submergeant les petites îles.
En plus des menaces de cyclones, les dérèglements climatiques
provoquent le blanchiment des coraux, une raréfaction des poissons
et la mort de végétaux tels que les bananiers, les cocotiers et les
taros, des tubercules alimentaires importants pour la nourriture
des îliens.
"Pour nous habitants des Kiribati, la terre est très importante",
a souligné Tangaroa Arobati, venu de ces atolls coralliens du
Pacifique où vivent 92'500 personnes.
Réfugiés climatiques
Aux Carteret une île a déjà été séparée en deux par l'avancée de
la mer, selon Ursula Rakova. Des résidents, privés de source de
subsistance, ont dû se résoudre à partir vers le territoire
principal de la Papouasie Nouvelle-Guinée. "Les jeunes hommes des
Carteret apaisent leur chagrin en se saoulant", a-t-elle
relaté.
Les îliens ont demandé l'aide internationale et conjuré les
délégués réunis à Bali d'agir afin que le nombre des "réfugiés
climatiques" n'explose pas.
ats/het
L'avenir pressant du réchauffement
A Bali, des représentants de près de 190 gouvernements ont jusqu'au 14 décembre pour tracer une feuille de route de négociations prolongeant au-delà de 2012 le protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre, responsables du réchauffement.
S'ils parvenaient, à l'issue d'un cycle de négociations de deux ans, à se mettre d'accord sur des nouvelles réductions d'émissions de gaz à effet de serre, cela ne changerait pas grand chose pour les îles en danger.
"Ils discutent du changement climatique comme si c'était quelque chose qui pourrait se produire dans un avenir lointain, en 2020, 2050 voire 2100", a commenté Tony Mohr, de l'ONG Australian Conservation Foundation. "Mais des communautés du Pacifique aux cultures vivaces subissent déjà le changement climatique".