Les représentants des pays du G20, réunis deux jours à Makuhari,
dans la région de Tokyo, ont réaffirmé le principe d'une
"responsabilité commune mais différenciée pour négocier le prochain
accord à appliquer à partir de 2013", s'est félicité Ichiro
Kamoshita, le ministre de l'environnement japonais, hôte du forum.
Il a néanmoins dû reconnaître une "diversité de positions parmi les
pays développés, les pays émergents et les pays en développement",
lors d'une conférence de presse à l'issue des débats.
Fin mars s'ouvre à Bangkok une négociation visant à instaurer de
nouvelles règles pour diminuer les émissions de gaz à effet de
serre, responsables du réchauffement climatique. Placés sous
l'égide de l'ONU, elle doit aboutir fin 2009, selon le plan fixé à
la conférence de Bali (Indonésie) en décembre. L'objectif: trouver
un successeur au protocole de Kyoto qui a imposé aux pays
industrialisés des réductions d'émissions entre 1990 et la période
2008-2012.
Le conclave en terre japonaise a permis une prise de contact avant
ces discussions épineuses et le sommet du G8, qui se tiendra en
juillet à Hokkaido (nord), que la présidence japonaise veut
consacrer, entre autres, au réchauffement climatique. Les
discussions du G20 "sont très utiles, ce sont les premières depuis
la réunion de Bali", s'est réjoui Halldor Thorgeirsson, directeur
du projet "feuille de route de Bali" à l'ONU.
Principe du G20 en question
Ce G20 a associé, outre les grands pays industrialisés du G8 que
sont les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la
France, l'Italie, le Canada et la Russie, d'autres pays développés
et des pays émergents (Chine, Inde, Brésil, etc.), totalisant 80%
de l'ensemble des émissions mondiales. Un regroupement très
hétérogène dont les pays les plus pauvres ont mis en question le
principe.
L'Afrique du Sud n'a ainsi pas apprécié la notion de "20
principaux pollueurs" associée au forum, au vu de l'écart séparant
les pays du Nord et du Sud. Et le représentant indien a refusé que
son pays soit considéré comme "grand pollueur", soulignant que
l'Inde produisait une tonne d'émissions de gaz à effet de serre par
an et par habitant, contre 20 aux Etats-Unis.
Ouvrant les débats samedi, l'ancien Premier ministre britannique
Tony Blair avait pourtant souligné que des efforts devraient être
faits tant du côté des pays riches, dont les émissions "devront
s'approcher de zéro", que des pays pauvres, dont les gaz à effet de
serre "devront à terme, baisser au fur et à mesure de leur
industrialisation".
Pour un compromis international
Tony Blair était venu au Japon en tant chef d'un "groupe
d'experts internationaux" destiné à favoriser l'élaboration d'un
compromis international sur le sujet (lire
ci-contre). Si les uns et les autres ont finalement trouvé
un terme de compromis, une reprise de la querelle Nord-Sud ferait
peser des risques sur la négociation de l'après-Kyoto.
Pour justifier son refus de ratifier ce protocole,
l'administration Bush avait ainsi donné comme prétexte l'absence de
contraintes de réduction d'émissions pour la Chine et l'Inde. A
Bali, les Etats-Unis, réticents à toute contrainte pays par pays,
s'étaient affrontés avec l'Union Européenne qui promeut cette idée.
Le Japon qui partageait la position américaine a semblé poursuivre
sur la même voie, en défendant pendant le week-end l'idée d'une
approche "sectorielle" par branches industrielles, sans recueillir
l'approbation des pays en développement.
agences/hoj
L'appel de Tony Blair
Samedi, l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair a exhorté les principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre de la planète à s'engager dans une révolution pour lutter contre les bouleversements climatiques.
Estimant qu'un "ajustement" ne sera pas suffisant, Tony Blair a déclaré devant le groupe du G20 que son appel à passer aux actes était clair et urgent, et que la relance de l'énergie nucléaire était l'une des solutions pour combattre la hausse de la température mondiale.
"Nous avons atteint le stade critique des décisions en matière de changements climatiques. Rares sont ceux qui en doutent encore, si tant est qu'il y en ait", a-t-il dit devant les ministres de l'Energie et de l'Environnement du G20.
"Pour qu'un Américain en vienne à émettre, disons, un dixième de ce qu'il émet aujourd'hui, et pour qu'un Britannique ou un Japonais ne produise plus qu'un cinquième, il ne s'agit pas d'un ajustement, mais d'une révolution", a-t-il dit.
Un Américain émet en moyenne l'équivalent de 24 tonnes de dioxyde de carbone par an. En Chine, ce chiffre tombe à quatre tonnes par habitant.
Les discussions de Chiba sont un dialogue plutôt qu'une négociation et les ministres se retrouvent pour évoquer les moyens de réduire les émissions de dioxyde de carbone, les transferts de technologie et les projets de financement destinés à aider les pays pauvres à se doter de sources d'énergie propres.