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Guerre des DVD: le Blu-ray, vainqueur menacé

Le Blu-ray a gagné la guerre après 4 ans d'âpre concurrence.
Même s'il a gagné la guerre des DVD, le Blu-ray est déjà menacé.
Le Blu-ray est pratiquement assuré de devenir le standard en matière de DVD haute définition au détriment du HD-DVD dont Toshiba s'apprête à signer l'arrêt de mort. Le format de Sony est pourtant déjà menacé par le téléchargement.

Après avoir enchaîné les déconvenues ces dernières semaines,
Toshiba va revoir de fond en comble son activité HD-DVD et "un
retrait complet est l'une des possibilités envisagées", a déclaré
lundi une source industrielle proche du dossier, sous le couvert de
l'anonymat.

Réaction en chaîne

Officiellement, Toshiba continuait lundi à affirmer, selon une
porte-parole, qu'"aucune décision officielle n'a encore été prise"
à ce sujet. Les analystes, pour leur part, donnent le HD-DVD pour
mort et enterré depuis que les studios Warner, premiers vendeurs de
DVD aux Etats-Unis, ont annoncé de façon fracassante en janvier
qu'ils n'utiliseraient plus que le format Blu-ray.



Le coup de grâce a été porté vendredi par le géant américain de la
distribution Wal-Mart, qui s'est lui aussi rallié exclusivement au
Blu-ray, rejoignant dans le camp Sony la chaîne de distribution
Best Buy et les studios de cinéma 20th Century Fox,
Metro-Goldwyn-Mayer, Disney et Lionsgate.



Le HD-DVD, actuellement moins cher à produire que le Blu-ray mais
à la capacité de mémoire plus limitée, reste soutenu jusqu'à
présent par Intel et Microsoft dans l'informatique, par les studios
de cinéma Universal et par plusieurs fabricants de produits
électroniques chinois.

Actions en hausse

L'appui des studios hollywoodiens s'est révélé décisif pour le
Blu-ray, qui contrôle désormais environ 70% des films américains.
"Sans l'appui des distributeurs de films, les lecteurs de DVD ne
sont qu'une boîte vide", explique Yuichi Ishida, analyste chez
Mizuho Investors Securities. Battu par Sony, "Toshiba a le choix
entre se retirer ou bien lancer des machines compatibles à la fois
avec les disques HD-DVD et Blu-ray. Mais pour des raisons de
rentabilité, le groupe doit décider de se retirer",
juge-t-il.



Alors que Sony a profité lundi du retrait de Toshiba à la Bourse
de Tokyo -le titre a terminé la séance en hausse de 1,03%- l'action
Toshiba a également terminé la séance sur un bond de 5,74%. Les
investisseurs sont en effet soulagés que cette guerre des DVD,
potentiellement ruineuse pour le perdant, prenne fin relativement
vite et permette à Toshiba de se concentrer sur ses métiers les
plus rentables, comme les semi-conducteurs.



Le retrait de Toshiba "améliorera chaque année le bénéfice
d'exploitation du groupe de 40 à 50 milliards de yens" (260 à 320
millions d'euros), a calculé Ikuo Matsuhashi, analyste chez Goldman
Sachs, dans une note à ses clients.

Ouverture récompensée

Le HD-DVD a été conçu par Toshiba et NEC, et le format
concurrent Blu-ray Disc par Sony avec le soutien de Matsushita
(marque Panasonic) et Sharp. Faute d'entente pour créer un format
commun, les deux camps rivaux avaient décidé en 2005 de laisser le
marché trancher. Cette guerre a rappelé celle qui, dans les années
1980, s'était soldée par la défaite du format de cassettes vidéo
Betamax -soutenu à l'époque par Sony- face au format VHS.



Les analystes expliquent la victoire de Sony par l'attitude
beaucoup plus ouverte qu'il a adoptée dès les premiers stades du
développement du Blu-ray. De nombreux grands groupes (Royal
Philips, Hitachi, Pioneer, Samsung Electronics, etc.) se sont ainsi
ralliés très tôt à son camp, lui procurant un avantage commercial
décisif. De plus, Sony a choisi d'équiper de lecteurs Blu-ray ses
consoles de jeux vidéo de nouvelle génération PlayStation 3.



afp/kot

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Le Blu-ray menacé par le téléchargement

La défaite du HD-DVD face au Blu-ray dans la guerre des formats DVD de nouvelle génération va simplifier le choix pour le consommateur, mais les analystes s'interrogent sur l'avenir même du DVD à l'heure où le téléchargement et la vidéo à la demande gagnent en popularité.

"C'est une bonne chose pour les consommateurs. Beaucoup d'entre eux s'abstenaient d'acheter un lecteur-enregistreur de nouvelle génération car les deux formats étaient incompatibles. S'il ne reste plus qu'un seul format, le problème est réglé", souligne Hiroyuki Shimizu, analyste chez Gartner, une société de recherche sur les technologies de l'information.

Avec leurs capacités interactives et leur qualité d'image et de son révolutionnaires par rapport au DVD traditionnel, les lecteurs de nouvelle génération constituent le nirvana pour les technophiles et les adeptes du "home cinema". Mais leur prix a encore de quoi dissuader le téléspectateur lambda.

La différence de coût est encore plus flagrante quand on compare le DVD haute définition aux possibilités offertes -ou qui seront offertes dans un proche avenir- par la vidéo à la demande par câble, ADSL ou fibre optique, par le téléchargement sur internet et, dans certains pays comme le Japon et la Corée du Sud, par la télévision sur téléphone mobile.

"A l'avenir, le téléchargement de films sur ordinateur personnel s'imposera. Le modèle antérieur est en train de s'écrouler", prédit Yuichi Ishida, analyste chez Mizuho Investors Securities.

"Si on peut télécharger les contenus, on n'a plus besoin d'enregistreur", fait également remarquer Hiroyuki Shimizu, selon qui "la compétition est en train de changer de nature: on passe d'une concurrence pour s'imposer en tant que standard mondial, à une concurrence entre deux modèles économiques différents".

Signe de l'essoufflement du marché des DVD, les ventes aux Etats-Unis ont baissé d'environ 3% en 2007, selon des estimations d'analystes.