Un manchot tombe d'une falaise. A l'arrivée, il se prend un coup de batte d'un yéti qui l'envoie valser à plus de 300 mètres. Ce petit jeu a été le phénomène web de l'année 2004. En quelques semaines, plus de 80 millions de parties sont lancées.
La raison du succès est simple: pas d'inscription, pas de chargement, pas de paiement. On arrive sur une page internet et on joue. Yetisports utilise une technologie simple et peu coûteuse: Flash, propriété d'Adobe (Acrobat, Photoshop, Premiere, After Effects,…).
Mais l'entreprise cessera de distribuer et de mettre à jour Flash Player après le 31 décembre 2020. En effet, les principaux éditeurs intègrent désormais ce type de fonctionnalités directement dans leurs navigateurs.
Jobs dégomme Flash
Flash a été lancé en 1996. Cette technologie, qui permet de créer des pages web animées et interactives, s'est rapidement imposée dans un web alors en plein essor. La technologie permet notamment l'éclosion de Youtube.
Mais en 2010, Apple lui porte un coup qui s'avérera fatal. Steve Jobs n'en veut pas dans ses produits. Le reste du marché suivra.
"Flash a été créé à l'ère des ordinateurs, pour les ordinateurs et les souris (...), mais à l'ère du portable, il faut des appareils consommant peu de batterie, des interfaces tactiles et des standards ouverts, et Flash est déficient dans tous ces domaines", accuse Steve Jobs dans une lettre ouverte intitulée "Pensées sur Flash" et publiée le 29 avril 2010.
Moins avouable, la technologie Flash permettait de proposer du contenu aux internautes sans passer par l'App Store.
Un patrimoine à préserver
Aujourd'hui, c'est une partie de la culture web des années 2000 qui va donc disparaître. "Le jeu indépendant a explosé grâce à Flash. Beaucoup de développeurs vous diront que les jeux Flash leur ont permis de se rendre compte des possibilités créatives. Pour d'autres, ils y ont fait leurs premières armes", explique Robin François, président de la fondation Mémoires Informatiques/Musée Bolo
"Pour nous, c'est le début des jeux indépendants suisses. C'est le point de départ d'une diversité créatrice qui continue aujourd'hui encore."
Des communautés travaillent actuellement à la préservation de ces productions. Pour l'instant, le site Internet Archive répertorie un millier de contenus utilisables, même après la fin du programme. Pour cela, les informaticiens ont développé un émulateur Flash (qui simule Flash player), nommé Ruffle.
Pascal Wassmer