"Les avancées de ces dernières années sont menacées", a affirmé à la presse la directrice exécutive Winnie Byanyima. Mais le coronavirus n'est pas seul en cause. "La réponse mondiale au VIH était en retard avant même la pandémie de Covid", ajoute Winnie Byanyima.
Pour autant, la situation s'est encore détériorée avec le coronavirus, même si certains pays ont réussi à limiter les effets de la pandémie. Moins de personnes ont été détectées et moins de soins ont été donnés. A tel point que, dit ONUSIDA, le Covid pourrait être responsable cette année et les deux suivantes de 125'000 à plus de 290'000 cas supplémentaires et de 69'000 à 150'000 décès qui pourraient être évités.
Les objectifs sur plusieurs années cherchaient à faire baisser les nouveaux cas et les décès de 500'000 chacun d'ici la fin de l'année. Or, selon le rapport mondial sur le VIH publié jeudi, le nombre d'infections est supérieur de 3,5 millions et celui des décès de centaines de milliers par rapport à ce qui avait été envisagé.
Des dizaines de millions de personnes infectées
Il manquait aussi fin juin un accès à des prestations pour quatre millions de personnes par rapport au souhait d'en prendre en charge 30 millions. Durant les premiers mois de la pandémie, le nombre de malades qui se sont fait soigner a augmenté deux fois moins rapidement que l'année précédente.
L'année dernière, plus de 1,6 million de personnes ont été infectées et près de 700'000 sont décédées de la maladie. Une situation "inacceptable", selon ONUSIDA, alors que des mécanismes de prévention et des soins sont abordables.
Au total, près de 39 millions de personnes sont désormais atteintes du VIH. Et 12 millions attendent des soins. Les avancées en Afrique subsaharienne ont été atténuées par des augmentations des cas dans le reste du monde. Et les investissements ont été insuffisants, insiste encore le rapport publié jeudi.
Nouvelle stratégie d'ONUSIDA
Face à ces chiffres, ONUSIDA annonce un nouveau dispositif qui, s'il est atteint, rendrait possible l'Objectif de développement durable de réduire de 90% les infections et les décès du VIH d'ici 2030. Au total, celui-ci prévoit que 95% des personnes sachent qu'elles sont malades et que 95% de celles-ci soient prises en charge. Et 95% d'entre elles doivent ensuite être débarrassées du virus.
Autre souhait, 95% de femmes devraient avoir accès à des soins de santé sexuelle et reproductive. Ces objectifs anticipent aussi que moins de 10% des pays devraient s'appuyer sur des lois et politiques punitives, moins de 10% des personnes atteintes devraient faire l'objet de discriminations et moins de 10% être victimes d'inégalités et de violences sexuelles. Ces objectifs devraient permettre de réduire à moins de 500'000 les nouvelles infections et à environ 300'000 les décès en 2025.
ats/ddup