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Salon de l'auto vert sous l'oeil d'un expert

Plus de 730'000 visiteurs ont afflué dans les halles de Palexpo
Le Salon de l'auto mise sur le vert pour attirer les visiteurs.
Le Salon de l'auto de Genève s'affiche résolument vert en proposant 17 nouveaux modèles écologiques. L'occasion de faire le point sur les perspectives offertes à l'automobiliste soucieux de son empreinte écologique.

François Maréchal, du laboratoire d'énergétique industrielle de
l'EPFL, répond aux questions du Teletext à travers son regard
d'expert. Sa spécialité consiste à développer des méthodes pour
concevoir les systèmes et les procédés industriels les plus
performants possible en terme de rendement énergétique.



Swisstxt: le salon de l'auto s'est résolument mis au
vert. Est-ce du marketing ou une réalité?




François Maréchal: on peut se poser la question
quand on voit un 4X4 du type Hummer étiqueté "vert" parce qu'il
roule au bio-éthanol. Ce genre de véhicule n'est pas nécessaire à
la mobilité. Un choix "vert", c'est d'abord un véhicule efficace en
terme énergétique et qui correspond au service qu'on veut lui voir
remplir. Carburant vert ou non, l'efficacité est très
importante.

Il faut donc repenser la
mobilité?




Il faut effectivement se poser la question du service que doit
remplir le véhicule. Par exemple, s'il s'agit d'amener une personne
sur son lieu de travail, une petite voiture 2 places suffit. Les
constructeurs doivent aussi chercher à alléger les véhicules pour
les rendre moins gourmands. Aujourd'hui, il n'est pas rare qu'une
auto de 2 tonnes serve à déplacer une personne de 80 kg, soit une
énorme disproportion entre le but et les moyens mis en oeuvre. En
plus de tout cela, le carburant entre évidemment en ligne de
compte. A mon avis, le gaz naturel est actuellement très attractif
au niveau efficacité et impact environnemental.



Quel peut être le rôle des autorités politiques dans
cette problématique?




L'implication politique est très importante. La chose primordiale
est de donner des messages clairs. L'outil de la taxe peut être
utile, mais on a vu les réactions que l'idée d'une taxe sur le
carburant a provoquées au nom de la liberté de mouvement. Mais il
faut relever que la hausse du prix de l'essence n'a pas fait
baisser la circulation. Je suis donc plutôt favorable à une taxe,
ou plutôt une provision pour émission de CO2, qui s'appliquerait
lors de l'achat du véhicule. Car une fois l'auto achetée, il est
tout simplement trop tard, on est condamné à utiliser le véhicule.
Les véhicules polluants seraient taxés et ceux plus performants
pourraient même bénéficier de rabais.



Est-ce qu'il faut s'attendre à une solution
miracle?




Si on préfère attendre le grand saut technologique plutôt que de
commencer par les petits pas, on risque de ne rien faire. Des gens
achètent ainsi de la technologie traditionnelle en se disant que
dans 5 ans les piles à combustible régleront tout. Mais ça fait 10
ans qu'on attend ça. Donc, vu que l'on garde une voiture 6 à 7 ans
en moyenne, on peut prendre le risque d'une solution encore
imparfaite, mais qui offre déjà un plus écologique. Ceci dit, une
révolution n'est pas impossible en fonction du mode de mobilité et
des carburants qu'on choisira. Si on avait dit, il y a 100 ans, que
pour utiliser la voiture (encore balbutiante à cette époque) on
goudronnerait 3% du territoire, personne n'y aurait cru.



Quelle est la voie choisie en Suisse au niveau de la
recherche?




On trouve des projets comme celui de Nicolas Hayek et du tout
hydrogène, mais le défi des infrastructures et du stockage est le
même que pour l'électricité. Une autre voie est d'optimiser le
rendement énergétique du service de mobilité par des véhicules,
légers, hybrides, intelligents.



Dans mon domaine de recherches, on s'oriente vers les
biocarburants de deuxième génération qui ne concurrencent pas
l'agriculture. Les déchets de bois et de biomasse (voir
ci-contre)
servent ainsi à créer du gaz naturel. Le
procédé utilisé converti le pouvoir calorifique du bois en 60 à 70%
de gaz naturel. Les co-produits sont de la chaleur et de
l'électricité qui peuvent aussi être utilisés. Ce système a un
excellent rendement par rapport aux surfaces nécessaires à la
production de la biomasse. En plus, on utilise le CO2 capturé par
le bois en substitution de celui émis par le carburant
fossile.



Est-ce que ce système est déjà appliqué
concrètement?




On en est encore au stade pilote, mais des projets industriels
sont planifiés en Suède, en Autriche et bientôt en Suisse. Ces
technologies arrivent à maturité grâce à l'augmentation du prix de
l'énergie. Jusqu'à présent, elle ne trouvaient pas de justification
économiques car l'énergie fossile a été longtemps maintenue à un
prix artificiellement bas qui ne reflétait pas la valeur réelle de
la ressource et condamnait les énergies renouvelables.



Avec un baril de pétrole à plus de 100 dollars, toutes sortes de
technologies ressortent des tiroirs. Mais si on a pris conscience
que le pétrole n'est pas inépuisable, il faut aussi savoir que les
bio-carburants dépendent de ressources également limitées,
particulièrement la surface de production de la biomasse. Nous
sommes donc condamnés à l'efficacité. On ne peut pas uniquement se
dédouaner en choisissant un carburant vert.



Propos recueillis par Caryl Bussy

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Le salon en quelques chiffres

Le 78e Salon international de l'automobile de Genève se tient à Palexpo du 6 au 16 mars 2008.

Les 700'000 amateurs attendus pourront admirer 130 premières mondiales ou européennes de 10h à 20h en semaine et de 9h à 19h samedi et dimanche.

Plus de 1000 marques d'une trentaine de pays s'exposent sur 77'500 m2.

Une nouvelle halle jusqu'ici occupée par le Musée de l'automobile offrira un circuit de voitures électriques ainsi qu'un espace dévolu aux jeux vidéo.

Les CFF proposent 15 trains spéciaux par jour. Il est possible et conseillé de réserver (5 francs de frais). Des billets combinés sont aussi proposés au départ de toutes les gares.

La biomasse en bref

Le terme de biomasse désigne les déchets organiques issus de l'agriculture et de la sylviculture (bois, résidus végétaux, etc.), les déchets organiques ménagers ou industriels, les boues des stations d'épuration ou encore les biogaz produits lors de la fermentation des déchets, qui peuvent être utilisés pour produire de la chaleur ou de l'électricité.

La biomasse est principalement utilisée par combustion directe, mais des procédés novateurs de pyrolyse et gazéification (production d'un liquide ou d'un gaz produit à partir de la biomasse) sont en cours de développement afin d'améliorer l'efficacité énergétique et environnementale de cette ressource. C'est notamment le cas dans les laboratoires d'énergétique industrielle de l'EPFL.