Dans nos rivières, on retrouve des pesticides acheminés par le ruissellement. La nouvelle méthode testée par les scientifiques de l'Institut fédéral des sciences et technologies de l'eau (Eawag) permet de mesurer les concentrations de ces produits chimiques directement dans le cours d'eau et non en laboratoire après prélèvement, comme on le fait habituellement.
Le procédé fait intervenir un spectromètre de masse ambulant et automatisé, installé dans une remorque. Une analyse de ce type est beaucoup plus précise, car elle montre l'ampleur des pics de concentration, et comment ils affectent les organismes aquatiques, crevettes et autres amphibiens.
Pics de pollution trop rapprochés
"Dans notre article, l'exemple de l’insecticide thiaclopride a montré que la norme écologique pour les organismes aquatiques a été dépassée plusieurs fois, et jusqu'à 30 fois", a expliqué le chimiste de l’environnement à l’Eawag Silwan Daouk dans La Matinale de la RTS vendredi. "Ces organismes aquatiques subissent ces pics de pollution. Entre deux pics, ils peuvent ne pas retrouver totalement leur pleine forme, comme si vous aviez un petit refroidissement et tout à coup vous avez la grippe qui arrive. Pour votre organisme, c'est comme si vous aviez deux attaques", illustre le chercheur.
L'écotoxicologue à l'Université de Lausanne Nathalie Chèvre est d'accord: "On sous-estime la pollution de l'eau. Mais il ne faut pas mettre en cause uniquement les pesticides: la pollution par ces substances est bien documentée depuis plus d'une vingtaine d'années, alors qu'on a beaucoup moins de données sur d'autres groupes de polluants auxquels on s'intéresse depuis beaucoup plus récemment", prévient l'experte.
Efforts à faire de tous côtés
"Toutes les substances qu'on utilise dans notre vie de tous les jours, que ce soit des détergents, des cosmétiques ou des médicaments, vont se retrouver dans l'environnement et notamment dans les eaux. Il serait peut-être temps de réduire ce qu'on utilise et de prendre des mesures pour éviter de rejeter ces substances, plutôt que de se rendre compte qu'on en trouve effectivement beaucoup et partout", plaide l'écotoxicologue.
Pour Nathalie Chèvre comme pour le chercheur Silwan Daouk, l'amélioration de la qualité des eaux passe par des efforts à plusieurs niveaux: politique, technologique aussi, pour un meilleur traitement des eaux. De leur côté, les consommateurs et consommatrices pourraient être plus attentifs aux substances utilisées.
Sujet radio: Pauline Rappaz
Adaptation web: Vincent Cherpillod