La Grande-Bretagne est le premier pays occidental à autoriser les injections du sérum expérimental développé par Pfizer BionTech. Le produit, pour lequel les essais cliniques sont encore en cours, suscite de ce fait une certaine méfiance dans la population.
Cette méfiance est partagée par une partie de la communauté scientifique, qui souligne le peu d'informations dont on dispose aujourd'hui pour évaluer la sécurité de ces nouveaux vaccins contre le coronavirus.
>> Lire aussi : La campagne de vaccination a démarré au Royaume-Uni avec une patiente de 90 ans - Le suivi du Covid-19 dans le monde
A l'heure actuelle, les entreprises pharmaceutiques n'ont en effet pas publié l'entier de leurs recherches, mais seulement des communiqués de presse émis par des agences indépendantes sur l'efficacité et la sécurité de leurs produits.
Résultats partiels
Or, le caractère partiel de ces résultats pose problème aux chercheurs et à ceux qui doivent évaluer les risques et l'efficacité de ce vaccin.
"En temps normal, la firme nous livre un dossier complet une fois que la recherche est terminée", explique Philippe Girard, directeur adjoint de Swissmedic. Ordre de grandeur de la documentation: un ou deux camions de classeurs fédéraux, précise le responsable.
Actuellement, les informations sont livrées au fur et à mesure de l'avancée de la recherche, et Swissmedic commence l'évaluation dès l'obtention des premières données, indique Philippe Girard. L'évaluation de ces produits ne pourra donc se faire qu'au compte-goutte ces prochains mois.
Effets secondaires bénins
Ce dont on dispose aujourd'hui, ce sont les résultats partiels de la phase 3 qui ont été effectués, en bonne et due forme, sur des dizaines de milliers de personnes. Et la bonne nouvelle, en plus de l'efficacité, concerne l'absence d'effets secondaires graves.
"Pour le moment, nous n'avons pas d'alertes sur le type d'effets secondaires signalés", indique Giuseppe Pantaléo, chef de l'immunologie au CHUV, en énumérant quelques effets bénins - fièvre, maux de tête, fatigue.
La question est dès lors de savoir à quel moment on estime que l'on dispose de suffisamment d'informations pour autoriser la mise sur le marché.
Pesée d'intérêts
"Il est légitime de se demander si ces chiffres - d'efficacité et de sécurité - ne s'érodent pas dans le temps", souligne Alessandro Diana, pédiatre et expert en vaccinologie. "Est-ce qu'il y aurait un effet secondaire plus important sur 100'000 ou 200'000 patients? On a donc le dilemme de savoir jusqu'à quand on veut attendre, ou ne plus attendre - parce qu'on veut aussi sauver des vies."
Cette logique est particulièrement pertinente lorsqu'il s'agit de vacciner des personnes à risques. Il y a donc une pesée d'intérêt entre les connaissances scientifiques et des considérations éthiques.
Mais depuis le début de la pandémie, tout va très vite avec ce virus sur le plan scientifique. Plusieurs pays ayant déjà commencé à vacciner, l'échantillon de patients augmente très rapidement, et avec lui la récolte de données sur les effets secondaires.
>> Lire aussi : La course aux autorisations s'accélère. Le point sur les vaccins contre le Covid-19
Sophie Iselin/kkub