Avec une baisse estimée à 7% des émissions mondiales de CO2 fossiles sur l'année, soit 2,4 milliards de tonnes, les résultats sont inédits. Au plus fort du confinement au printemps, elles ont même chuté d'environ 17% comparé à 2019.
Jamais une telle diminution n'avait été observée auparavant, selon un communiqué de presse. Lors des précédentes crises mondiales (1945, 1981, 1992, 2009), elles n'avaient jamais dépassé 0,9 milliard de tonnes.
Les USA et l'UE en tête
"La diminution des émissions en 2020 semble plus prononcée aux Etats-Unis (-12%), dans l'UE-27 (-11%) et en Inde (-9%), l'effet des restrictions Covid-19 s'ajoutant à une tendance précédente, et étant moins prononcée en Chine (-1,7%), où les mesures de restriction ont été prises au début de l'année et ont été plus limitées dans le temps", selon le rapport.
Par secteur, les réductions d'émissions de CO2 ont été plus marquées dans les transports de surface, qui représentent 21% des émissions mondiales. Elles "ont été réduites de moitié dans les pays au plus fort du confinement", selon le communiqué.
Celles de l'aviation se sont effondrées de 75%. Elles ne représentent que 2,8% des émissions mondiales mais ne cessent de croître. Les émissions de l'industrie (22% des émissions mondiales) "ont été réduites de 30% dans les pays au plus fort du confinement".
La compagnie américaine United Airlines va par ailleurs investir des millions de dollars pour assurer sa neutralité carbone d'ici 2050, selon son annonce jeudi. Pour atteindre cet objectif, elle mise sur la technologie de captation de carbone - une première pour une compagnie aérienne.
Rebond attendu en 2021
Pour autant, cela ne suffit pas pour réduire le réchauffement climatique et ses impacts, les émissions de CO2 se maintenant à des niveaux élevés. De plus, la baisse des émissions de CO2 n'entraîne pas une réduction de la concentration de CO2 dans l'atmosphère, rappelle le rapport. Elle a été multipliée par près de 1,5 entre 1750 et 2019.
Par ailleurs, la diminution liée à la crise du coronavirus devrait être de courte durée. "En Chine, les émissions ont déjà renoué en avril avec le niveau qu'elles avaient précédemment", indique Philippe Ciais, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement. "On peut s'attendre à ce qu'il y ait un rebond en 2021."
"Le moyen d'atténuer le changement climatique n'est pas d'arrêter les activités mais d'accélérer la transition vers des énergies bas carbone", insiste-t-il.
ats/vkiss
Un rapport annuel
Le rapport du Global carbon project s'intéresse aux émissions annuelles de CO2 d'origine fossile et à leur persistance dans l'atmosphère, responsables du changement climatique et de son lot de catastrophes.
Ce rapport est traditionnellement publié lors des conférences de l'ONU sur le climat. Cette année, sa publication intervient dans un contexte particulier, car la 26e COP prévue à Glasgow a été repoussée d'un an. Un sommet en ligne se tiendra samedi avec plusieurs chefs d'Etat pour marquer le 5e anniversaire de l'accord de Paris.
Accord européen pour réduire d'au moins 55% les émissions de CO
Les Vingt-Sept ont conclu vendredi, à l'issue d'une nuit de négociations, un accord pour réduire d'"au moins 55%" leurs émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 par rapport au niveau de 1990, contre un objectif précédent de 40%, ont annoncé plusieurs responsables européens.
Les chefs d'Etat et de gouvernement ont adopté "une proposition ambitieuse pour un nouvel objectif climatique", s'est félicitée sur Twitter la présidente de la Commission Ursula von der Leyen. L'accord a été bloqué de longues heures par la Pologne, soucieuse d'obtenir des garanties sur les aides financières qu'elle obtiendrait en échange du verdissement de son économie.