L'atlas de 374 pages compare les premières images satellite du
continent, datant de 1972, avec les plus récentes, selon l'adage
qu'une image vaut mille mots, explique Pascal Peduzzi, chef de
l'unité d'alerte rapide au Programme des Nations Unies pour
l'environnement (PNUE) à Genève.
Plus d'une centaine de "points chauds" ont été détectés dans les
54 pays africains. De la fonte des glaces du Kilimandjaro à
l'assèchement du lac Tchad en passant par la chute du niveau des
eaux du lac Victoria, les preuves photographiques sont
accablantes
La juxtaposition des vues montre une évolution alarmante de la
déforestation, avec le taux le plus élevé au monde. L'Afrique dans
son ensemble perd plus de quatre millions d'hectares de forêts
chaque année, soit 40'000 km2, presque l'équivalent de la
superficie de la Suisse. Ce taux de déforestation est deux fois
plus élevé que la moyenne mondiale.
Un tiers de la déforestation mondiale
Il représente près du tiers de la déforestation à l'échelle de
la planète (13 millions d'hectares par an). Les forêts représentent
plus d'un cinquième des 30 millions de km2 de terres africaines.
Dans le seul Cameroun, 200'000 hectares de forêts sont détruits
chaque année, soit l'équivalent de 700 terrains de football par
jour, indique Pascal Peduzzi.
Le Burundi a détenu le record en la matière entre 2000 et 2005. La
désertification est un problème dans 17 pays, la pénurie d'eau dans
18 pays, les menaces sur la biodiversité dans 24 pays, la surpêche
et la dégradation des côtes dans 18 Etats africains.
En 30 ans, l'urbanisation a conquis de nouvelles terres: qu'il
s'agisse de Dakar qui s'est étendue à toute sa péninsule, d'Addis
Abeba avec ses trois millions d'habitants ou de Conakry, passée de
39 000 habitants en 1960 à 2,5 millions aujourd'hui. Les cartes
montrent aussi l'empreinte de plus en plus grande des zones
d'exploitation minière et pétrolière et des barrages.
ats/hoj
Quelques bons points
Tout n'est pas négatif, relève l'expert du PNUE.
L'Afrique compte plus de 3000 zones protégées, dont 198 marines, 50 réserves de biosphère et 80 marais d'importance internationale.
Ses habitants n'émettent que 4% du total des émissions mondiales de CO2.
Qu'il s'agisse de la revitalisation des marais de Diawling en Mauritanie ou de la régénérescence de la végétation dans le parc de Sidi Toui en Tunisie, tout se voit à l'oeil nu.
Pression démographique
La pression démographique augmente. En 1950, chaque Africain disposait de 13,5 hectares, en 1970 de 8,3 hectares.
En 1990, chaque habitant ne disposait plus que de 4,7 hectares, en 2005 de 3,2 hectares. En 2050, l'Africain n'aura plus qu'1,5 hectare à sa disposition, selon le PNUE.