Sur le marché juteux de la télévision payante par satellite, le
diffuseur américain Echostar, qui a formellement déposé la plainte,
réclame un milliard de dollars (autant en francs) de dédommagement
à News Digital Systems (NDS), une entité de l'empire médiatique de
Rupert Murdoch basée à Londres.
"Hackers" recrutés
Propriété du milliardaire Charlie Ergen, Echostar accuse NDS
d'avoir recruté des «hackers» pour casser les systèmes de cryptage
et publier sur Internet les codes de sécurité des cartes Kudelski.
Le bouquet satellite Echostar utilise les systèmes de contrôle
d'accès numériques TV du groupe vaudois - leader en la matière pour
protéger le contenu de ses programmes de télévision à péage (Dish
Network TV), via leur coentreprise NagraStar.
Les pirates informatiques utilisent des techniques sophistiquées
leur permettant de décortiquer les cartes à puces qui verrouillent
ce type de chaînes de télévision.
Une concurrence féroce
La toile de fond de toute cette affaire serait la concurrence
féroce sur le marché de la télévision à péage aux Etats Unis, sur
fond de lutte d'influence entre Murdoch et Ergen. Dix ans plus tôt,
la chaîne américaine DirecTV, principal client de NDS, a été
victime de «hackers» qui ont réussi à pirater les cartes à puces
ensuite revendues en contrebande aux Etats-Unis.
DirecTV a essuyé des pertes financières colossales. En réaction,
la chaîne a menacé un moment de changer de systèmes de cryptage et
de se tourner vers Kudelski. NDS avait de quoi s'inquiéter étant
donné que le groupe de Cheseaux (VD) avait déjà pour client l'autre
grande chaîne américaine à péage, Echostar. Toujours selon la même
plainte, NDS aurait alors essayé de décrédibiliser Kudelski aux
yeux de DirecTV en engageant des pirates informatiques pour casser
les protections de son concurrent suisse.
L'affaire est complexe et n'a rien à envier à un roman
d'espionnage. Il aura fallu en tous les cas près de cinq ans de
procédures judiciaires avant d'en arriver à ce procès qui se tient
en Californie.
agences/as
Histoire inventée?
De nombreux témoins défileront tout au long du procès, dont un personnage-clé, un «hacker» engagé pendant près de dix ans par le groupe NDS.
Cet ingénieur en informatique a récemment affirmé dans des médias que Kudelski et Echostar auraient inventé toute cette affaire, histoire de jouer les victimes pour mieux masquer les faiblesses de leurs systèmes de cryptage TV.
Un piratage coûteux
La diffusion de ces codes ultrasécurisés auraient permis à des centaines de milliers de personnes d'accéder aux chaînes et programmes cryptés d'Echostar sans payer d'abonnement.
La chaîne affirme ainsi avoir perdu plusieurs centaines de millions de dollars à la suite de ce piratage informatique.
Selon la presse spécialisée, le coût du piratage informatique de ces cartes à puces protégées est estimé à quelque 5 milliards de dollars par an pour l'industrie de la télévision payante.