Aujourd'hui, grâce à internet, il est possible de travailler depuis son bureau, sa maison, un café ou un espace de coworking. La pandémie de coronavirus a démocratisé le travail à distance, évitant aux employés de se déplacer, et aux entreprises de payer des locaux. Mais le télétravail seul chez soi plonge parfois les travailleurs et travailleuses dans l'isolement ou le découragement.
Aux Etats-Unis, une start-up nommée Codi offre une alternative qui allie les avantages du télétravail et ceux du bureau. Fonctionnant sur un modèle similaire à Airbnb, cette plateforme trouve des privés prêts à louer leur logement vide le jour. La start-up aménage cet espace pour y accueillir plusieurs personnes actives.
L'avantage pour ces dernières: rester près de chez soi, tout en étant dans un environnement séparé de son espace privé, avec une possibilité d'avoir des contacts sociaux. L'hôte du Codi de son côté gagne un revenu qui lui permet de payer une partie de son loyer.
Entrepreneuse remarquée par Forbes
Codi a été cofondée en 2018 par Christelle Rohaut, Française établie en Californie pour ses études en urbanisme. "L’idée du coworking à la maison avec Codi m’est venue quand j'ai fait l’expérience personnelle de travailler chez moi. C’est parfois très difficile de se concentrer, on se sent isolé, pas productif. Petit à petit, j'ai commencé à travailler depuis chez des amis. Je me suis sentie beaucoup plus épanouie et productive. C'est comme ça que Codi est né", raconte-t-elle.
Grâce à cette start-up dont elle est la directrice et la cofondatrice, la jeune femme a intégré la liste 2021 des 30 meilleurs entrepreneurs et entrepreneuses de moins de 30 ans, établie par le célèbre magazine Forbes.
Revitaliser les quartiers résidentiels
Pour Christelle Rohaut, Codi n'est pas uniquement un service pour offrir un espace de travail. À travers sa start-up, l'urbaniste de formation aimerait revitaliser les quartiers résidentiels en développant des économies circulaires. "Si on reste dans son quartier, on va dépenser notre argent localement la journée aussi", explique-t-elle.
Pour elle, la pandémie a amoindri la tendance à tout centraliser. "C'est un moment assez historique. Pour la première fois, il y a un revers de la médaille sur l'urbanisation. Les résidents partent des grandes villes. Je pense que c'est très bien, parce que cela distribue la valeur économique de chaque résident dans des banlieues ou quartiers qui avant étaient vides en journée, ce qui n'est pas tenable pour les commerces de proximité."
Accélération avec la pandémie
Mais la pandémie de coronavirus a également démocratisé le télétravail. "Je pense qu'on vient de faire un saut dans l'avenir de dix ans littéralement. Cela a permis aux entreprises de réaliser qu’elles n'ont pas forcément besoin de dépenser des millions de dollars dans des bureaux. Mais cela a aussi révélé les faiblesses du télétravail, comme l'isolement et la difficulté de se concentrer, ou le problème de ceux qui n'ont pas les espaces de vie adaptés."
A travers des espaces Codi réservés à leurs employés et employées, Christelle Rohaut aide les entreprises à maintenir une culture d'entreprise à distance. "On regarde où vivent les employés sur une carte et on créé des centres le plus près de chez eux. Ils se retrouvent avec quelques collègues. Et les entreprises peuvent personnaliser cette expérience, avec du café froid propre à leur culture par exemple."
Si Codi n'est pour l'instant implantée que dans quelques villes américaines comme San Francisco ou New York, la start-up ambitionne de s'étendre au reste du pays en 2021, ainsi qu'au Canada. "Et comme je suis Française, évidemment venir en Europe dans les prochaines années."
Mouna Hussain/Eric Guevara-Frey