L'équipe de Jochim Hansen, de l'Institut de psychologie de
l'Université de Bâle, a analysé, dans le cadre d' une recherche , la réaction de 39 fumeuses et
fumeurs aux avertissements imprimés sur les paquets de cigarettes.
Avant le test, les cobayes devaient remplir un questionnaire
donnant des indications sur l'importance de la fumée pour leur
amour-propre.
Une question d'estime de soi
Ensuite, les chercheurs ont présenté à un groupe les
avertissements drastiques "Fumer tue" ou "Fumer provoque le cancer
mortel du poumon". Un autre groupe a reçu des avertissements ne se
référant pas à la mort, comme "Fumer nuit gravement à votre santé
et à celle de votre entourage" ou "Fumer rend peu séduisant".
Après un délai d'attente d'un quart d'heure, les chercheurs ont
posé aux personnes testées de nouvelles questions sur leur rapport
à la fumée et leur ont demandé si elles avaient l'intention
d'arrêter. Il s'est avéré que les fumeurs dont l'habitude n'était
pas importante pour l'estime de soi étaient plus effrayés par les
évocations de la mort que par les autres avertissements.
En revanche, ceux qui fument pour renforcer leur amour-propre
laissaient percevoir une attitude nettement plus positive vis-à-vis
de la fumée après avoir visionné les mises en garde de mort
qu'après avoir vu les autres inscriptions. En d'autres termes, que
la fumée les tue les laisse plus froids que lorsqu'on les prend par
la vanité. Pour les chercheurs, la peur de la mort est aussi un
facteur explicatif (lire encadré).
ats/hof
La peur de la mort en jeu
Les chercheurs expliquent ce phénomène par le fait que les êtres humains s'accrochent à leur vision du monde lorsque pointe la peur de la mort.
On essaie alors d'augmenter le sentiment de sa propre valeur, a expliqué le Dr Hansen.
Si quelqu'un pense qu'il est une meilleure personne lorsqu'il fume, l'évocation de la mort peut l'induire à fumer encore plus de cigarettes.
Parmi ceux qui fument pour l'estime de soi figurent par exemple les jeunes, soucieux d'en imposer à leurs camarades.
De tels groupes de population, estiment les chercheurs, sont plus susceptibles d'être touchés par des avertissements qui sapent leur amour-propre lié à la fumée.
Ces résultats, publiés dans le Journal of Experimental Social Psychology, ne signifient en aucun cas que les avertissements sur les paquets de cigarettes sont sans effet, souligne le Dr Hansen, qui travaille actuellement à l'Université de New York.
Différents travaux ont montré qu'ils sont de manière générale très efficaces.