Une caméra qui prend la température des personnes dans la pièce. Une autre qui mesure la distanciation sociale, ou encore un masque équipé de ventilateur et de haut-parleurs. La pandémie a mis en lumière la créativité des inventeurs présents au premier CES entièrement virtuel.
Mais c'est la télémédecine qui a occupé le devant de la scène cette année. La demande explose. Le salon a permis de découvrir toute la palette des outils permettant de mesurer l'état de santé du patient à distance, du stéthoscope au tensiomètre.
La tendance est également à l'analyse des données. Une société japonaise a, par exemple, développé une intelligence artificielle permettant de prédire les risques de maladies comme le cancer ou Alzheimer.
Un changement de mentalité
Le professeur Patrick Schoettker, responsable Anesthésie Neurochirurgicale et ORL au CHUV, a observé l'évolution de l'intérêt pour la télémédecine. En 2017, il était déjà au CES de Las Vegas avec la société vaudoise Biospectal.
L'entreprise a développé un système permettant de transformer la caméra du smartphone en appareil pouvant mesurer la tension artérielle.
Cette année, il a participé virtuellement au salon. "La pandémie a permis aux gens de se rendre compte que les soignants soignaient, mais aussi que la télémédecine pouvait représenter un avantage pour la prise en charge des patients."
Plus de contrôles
La télémédecine surfe sur cette vague. "C’est une médecine de mesures. C’est une médecine qui permet une transmission d’informations et de données à un spécialiste. Il peut ainsi décider, sur la base de critères préétablis, s’il doit voir un patient à l’hôpital ou dans son cabinet."
"Cela permet un triage et une amélioration du suivi d’un patient. On mesure les signes vitaux, les symptômes ou les maladies d’un patient dans son environnement". Fini donc le stress de la blouse blanche qui fait monter artificiellement certains résultats.
Mais qu'en pensent les médecins suisses? La télémédecine connaît un "boom énorme", estime Michel Matter, le vice-président de la société des médecins FMH. Les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) ont par exemple développé leur propre plate-forme de consultation par vidéo, HUG@home. L'application a parfois permis d'éviter aux personnes à risque un déplacement.
L'accès aux données
Michel Matter en est certain, dans un avenir proche il y aura toujours plus de données médicales collectées, grâce notamment aux montres connectées.
Reste la problématique de l'accès aux données et de leur utilisation. Dois-je appeler systématiquement mon médecin pour lui signaler que ma montre m'alerte sur mon rythme cardiaque? Ou simplement lui donner un accès à mes résultats? Et avec quelle sécurité pour le transfert?
Le temps de la réflexion
Ces données permettront de faire des recherches médicales à très grande échelle, sur la base des résultats de millions d'individus. Et peut-être d'éradiquer certaines maladies ou d'affiner les diagnostics.
Mais que restera-t-il de notre vie privée, la plus intime? Pourrais-je vendre mes données à un assureur pour espérer un rabais? Mon employeur pourra-t-il contrôler si je suis bien malade? Des questions cruciales qui se poseront avec toujours plus d'acuité au fil de l'introduction de ces nouvelles technologies.
Pascal Wassmer
Un autocollant pour tracer sa santé
La start-up américaine BioIntelliSense a inventé le BioButton, un badge autocollant à appliquer sur la poitrine afin de calculer la température cutanée, le rythme cardiaque ou encore la fréquence de la toux.
Se jumelant avec des applications mobiles, le BioButton "représente un progrès considérable dans la conception de moniteurs médicaux fiables, simples d'utilisation et avec un bon rapport qualité/prix", assure le patron de l'entreprise, James Mault.
Le foisonnement de technologies de traçage depuis le début de la pandémie suscite des inquiétudes chez des organisations de défense des consommateurs et des libertés civiles, qui s'interrogent sur le respect de la vie privée et de la confidentialité des données.
Sur son site, BioIntelliSense assure respecter la loi américaine sur la protection des données médicales..
AFP