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Une application pour identifier les foyers de Covid-19 près de chez soi

L'application Atchoum permet une détection précoce du coronavirus.
L'application Atchoum permet une détection précoce du coronavirus. / 19h30 / 2 min. / le 27 janvier 2021
Des chercheurs lémaniques testent à Genève une application baptisée @choum. Elle vise à annoncer au plus vite l'apparition de symptômes d'infection au coronavirus, afin d'identifier des clusters pour briser les chaînes de transmission.

L'application veut aller plus vite que la pandémie. Le projet @choum, actuellement en phase pilote à Genève, vise à collecter auprès des volontaires les moindres symptômes suspects du Covid-19 et leur lieu d'apparition. Ces données permettront à terme d'éviter les flambées de cas observées lors des deux premières vagues, alors que des variants plus contagieux circulent dans la population.

La plupart des personnes présentant des symptômes attendent souvent trop longtemps avant de se faire tester, pour autant qu'ils se soumettent au frottis nasopharyngé. Le temps de réceptionner les cas positifs et d'identifier les foyers, il est déjà trop tard et la situation devient difficile à contrôler, déplorent les chercheurs.

"Aujourd'hui on doit vraiment être pro-actif et pas attendre l'apparition des clusters, ni même l'apparition des cas. Il faut collecter en amont l'information sur les symptômes, car c'est le premier signal. Le premier propriétaire de cette information, c'est le citoyen, lorsqu'il découvre qu'il a un mal de gorge, par exemple. Si seulement nous pouvions avoir cette information très rapidement pour agir au plus vite", explique Idris Guessous, chef du Service de médecine premier recours aux HUG et responsable du projet.

Connaître les foyers

Pour tester ce projet développé par les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), l'Université de Genève (UNIGE) et l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), les chercheurs collaborent avec la Pharmacie principale à Genève. Quelque 120 collaborateurs des différentes succursales du groupe ont été appelés à participer à l'essai pilote, mené depuis une semaine.

Pour Aude Bouty, responsable de la Pharmacie principale des Eaux-Vives, cette participation est citoyenne: "C'est un outil épidémiologique qui va servir pour la crise sanitaire que l'on vit, mais l'application joue aussi un rôle personnel, car on sera informé si notre adresse se trouve dans un cluster."

Le président de la Pharmacie principale Jean-Philippe Toledo est convaincu de l'innovation du projet. "L'outil permet de savoir vraiment ce qui se passe. Pas ce qu'on lit dans les journaux, mais ce qui se passe dans son quartier, peut-être même dans son immeuble. L'outil donne des moyens d'action pour mieux se protéger, pour mieux appliquer les gestes barrières, par exemple, se laver les mains quand on touche l'ascenseur et caetera."

Complémentaire à SwissCovid

Une application de traçage des cas de Covid existe déjà avec SwissCovid. Pourquoi un outil supplémentaire? "SwissCovid fonctionne en aval. Lorsque des cas sont testés positifs, l'application va repérer et avertir les contacts. @choum fonctionne en amont de ce dispositif. Avant même de repérer des cas, nous essayons de repérer des clusters de symptômes", répond Idris Guessous.

Une fois le foyer identifié de manière précoce, les autorités auraient ainsi les moyens de mieux cibler les mesures de traçage ou de confinement, estime le responsable du projet: "Il peut y avoir des actions de testing structuré d'un quartier à un autre, d'une entreprise à une autre, d'un commerce à un autre. Et si le cluster est confirmé, s'assurer que les résidents bénéficient de tous les moyens, de toute l'aide pour mettre fin à ce cluster".

Idris Guessous, chef du Service de médecine premier recours aux HUG, analyse l'évolution des clusters à Genève durant les deux premières vagues. [RTS]
Idris Guessous, chef du Service de médecine premier recours aux HUG, analyse l'évolution des clusters à Genève durant les deux premières vagues. [RTS]

En résumé, l'application veut agir en amont de manière localisée plutôt qu'en aval en confinant tout un canton. Actuellement, le projet n'est pas soutenu par les autorités sanitaires cantonale ou fédérale. Mais pour Idris Guessous, une seule application avec les modalités d'@choum et de SwissCovid rendrait la tâche plus facile aux utilisateurs.

Protection des données

Pour participer, l'utilisateur doit renseigner plusieurs données personnelles, telles que l'adresse d'habitation et le lieu de travail. Idris Guessous l'assure, les données seront sécurisées au sein des HUG. Quant aux informations sensibles, elles sont géo-masquées: "Si vous vivez à un point donné, nos programmes changent votre adresse à 100 mètres près. Donc on ne connaît jamais l'adresse précise de votre lieu d'habitation ou de travail".

Une sécurité précieuse pour les utilisateurs, car pour fonctionner, le projet doit disposer d'un seuil de population minimum. Les chercheurs espèrent convaincre quelque 20'000 Genevois, avant d'exporter le projet à d'autres cantons, puis à la Suisse et pourquoi pas, à d'autres pays.

Le lancement officiel d'@choum est prévu le mois prochain, limité d'abord aux personnes qui vivent et travaillent dans le canton de Genève.

Gabriel de Weck et Feriel Mestiri

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