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Dans l'espace, c'est la ruée vers Mars

De la complexité d'un voyage sur Mars (vidéo)
De la complexité d'un voyage sur Mars (vidéo) / L'éclairage d'actualité / 3 min. / le 16 février 2021
Depuis quelques jours, c'est la ruée vers Mars. Après deux sondes arrivées en orbite la semaine passée, ce jeudi, si tout se passe bien, c'est le "rover" américain Perseverance qui devrait atterrir sur la planète rouge.

La semaine dernière, la sonde Al-Amal, des Emirats arabes unis, est arrivée en orbite, suivie de près par la chinoise Tian-wen-1. Si tous ces engins arrivent en même temps, c'est parce qu'ils sont tous partis à peu près au même moment, en juillet dernier, et qu'ils voyagent à la même vitesse.

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Et ce n'est pas pour faire le trajet ensemble. Comme l'a expliqué mardi dans La Matinale Sylvia Eckström, astrophysicienne à l'Université de Genève et co-autrice du livre "Nous ne vivrons pas sur Mars, ou ailleurs", c'est à cause  de l'orbite des deux planètes: "Mars fait le tour du Soleil en deux ans, la Terre en un an. Et donc, pendant la moitié du temps, Mars va être de l'autre côté du Soleil par rapport à nous, et donc vraiment beaucoup trop loin pour envisager d'envoyer des sondes".

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Opportunité tous les 26 mois

Charles Frankel, géologue, spécialiste de la planète Mars, précise qu'il y a une fenêtre d'opportunité de quelques semaines tous les 26 mois: "Il y a des moments où nos deux planètes se croisent. Plus précisément: où la Terre, qui est sur une orbite plus serrée autour du Soleil, prend un tour à la planète Mars. Et c'est en dépassant Mars à la corde que la trajectoire est la plus courte pour atteindre la planète rouge".

La trajectoire la plus courte entre la Terre et Mars est de 470 millions de kilomètres - sur une demi-ellipse, puisque la ligne droite n'est pas possible, à cause de l'attraction du Soleil. Le trajet prend environ 7 mois et faut bien viser pour atteindre non pas l'endroit où Mars se trouve au moment du décollage, mais là où elle sera 7 mois plus tard.

Voyage très compliqué pour des humains

Ce sont tous ces éléments qui rendent le projet d'envoyer des êtres humains là-bas - et de les ramener - aussi compliqué. Pour envoyer quelqu'un sur Mars, il faudrait compter entre 5 et 7 mois, suivant combien de carburant on est prêt à utiliser. Ensuite, sur place, il y a deux scénarios.

Soit les astronautes restent un mois, puis repartent en faisant un détour par Venus, en l'utilisant comme fronde pour rentrer sur Terre. Mais le retour prendrait quand même 9 mois, et pour beaucoup de spécialistes, le voyage est trop long, trop risqué.

Un an et demi sur place

L'option la plus envisageable, ce serait de rester un an et demi sur place, en attendant la prochaine fenêtre de rapprochement. Pour l'instant, on n'a pas de fusée assez puissante pour emmener les astronautes et les faire atterrir, encore moins pour tout ce qu'il faut pour vivre sur place et rentrer.

Sylvia Eckström rappelle que le plus gros souci, soit peut-être 90% du poids, c'est le carburant. Selon elle, on serait donc obligé de produire le carburant du retour sur place (pour des moteurs à oxygène liquide), un processus que le "rover" américain Perseverance doit tester en extrayant le nécessaire de l'atmosphère martienne et qui qui servirait aussi à fournir l'oxygène pour les astronautes.

Glace souterraine pour avoir de l'eau

La deuxième chose la plus lourde, c'est l'eau. L'urine, la buée qu'on expire, tout est recyclé et récupéré à plus de 80%, explique Charles Frankel. Mais là aussi, on cherche des solutions locales, notamment du côté de la glace souterraine: "La sonde chinoise et le 'rover' américain ont des radars qui vont sonder les profondeurs pour voir s'ils détectent de la glace souterraine", explique le scientifique.

Quoi qu'il en soit, si l'humanité décide de se lancer dans l'aventure, il faudra probablement effectuer plusieurs voyages: un premier avec les bagages et des provisions pour le séjour et le retour, et, une fois qu'on a pu s'assurer que tout est bien arrivé, attendre le prochain créneau pour envoyer l'équipage.

Sujet radio: Lucia Sillig

Adaptation web: Jean-Philippe Rutz

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