Les récits de rêves a posteriori sont souvent nébuleux et lacunaires. Et on ne sait toujours pas vraiment pourquoi on rêve, ni d'où viennent tous ces scénarios saugrenus.
Des scientifiques avaient déjà scruté par IRM l'activité cérébrale de personnes endormies pour essayer de lire dans leurs rêves. Mais l'approche décrite dans la revue Current Biology est plus directe: poser simplement des questions.
"Notre objectif expérimental est semblable à celui de trouver un moyen de parler avec un astronaute qui se trouve sur un autre monde mais, dans ce cas, le monde est entièrement fabriqué sur la base des souvenirs stockés dans le cerveau", écrivent les équipes de recherche. Elles ont réalisé que découvrir un moyen de communiquer pourrait ouvrir la porte à de futures recherches pour en apprendre davantage sur les rêves, la mémoire et la façon dont le stockage de la mémoire dépend du sommeil.
Les quatre équipes internationales ont entraîné des cobayes au rêve lucide, soit l'art de se rendre compte qu'on est en train de rêver. Sans cette étape, "les personnes se réveillent dès qu'on les interroge, ou alors elles ne répondent pas", explique Francesca Siclari, neurologue au Centre du sommeil du CHUV.
Communiquer en dormant
Des modes de réponse ont aussi été définis: comme sourire pour dire oui, froncer les sourcils pour dire non, ou encore bouger les yeux de droite à gauche pour les chiffres.
Parmi les cobayes, six personnes ont réussi à répondre à des questions du type "Est-ce que vous parlez espagnol?" ou même "Combien font 8 moins 6?", alors qu'elles étaient en train de rêver.
Pour Francesca Siclari, ce sont des données précieuses montrant à quel point les capacités cognitives sont conservées durant le sommeil: "D'autres aspects très intéressants étaient de voir comment les stimulations externes pouvaient être incorporées dans le rêve lucide. Là, on voyait que les simulations étaient incorporées, mais souvent déformées d'une manière très intéressante: par exemple, la voix de l'examinateur, souvent les sujets l'entendaient comme venir d'ailleurs ou d'une vieille radio".
Une fois éveillée, l'une des participantes a aussi expliqué que, dans son rêve, le calcul qui lui était soumis s'était inscrit sur le fronton d'une maison, à la place du numéro de la rue.
Et puis cet autre rêveur s'est rappelé avoir été étonné d'arriver à répondre aux questions... tout en continuant à se battre contre une horde de gobelins.
Sujet radio: Lucia Sillig
Adaptation web: Stéphanie Jaquet