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Faire parler les morts grâce aux algorithmes

Un robot humanoïde. [EPA - Enric Fontcuberta]
Faire parler les morts grâce aux algorithmes / La Matinale / 1 min. / le 18 février 2021
En déposant un brevet pour une technologie permettant de simuler une conversation avec une personne décédée, Microsoft a mis le feu aux poudres. L'idée soulève une multitude de questions éthiques.

Les grandes entreprises du secteur technologique s'intéressent aux possibilités de faire revivre ses proches. Microsoft a déposé un brevet pour la création d'un jumeau numérique d'une personne décédée.

L'intelligence artificielle récupère les e-mails, les vidéos ou les messages sur les réseaux sociaux. Ainsi nourrie de données, elle est entraînée pour aboutir à la création d'un véritable double numérique. Vous pouvez lui parler, lui écrire et l'avatar, en 2D ou en 3D, vous répond. Face aux interrogations, Microsoft a gelé le projet.

Une situation similaire a d'ailleurs déjà été imaginée par la série Black Mirror en 2013.

Les projets pour permettre de parler avec une personne proche disparue se multiplient. En 2017 déjà, une jeune ingénieure, Eugenia Kuyda, entraîne une intelligence artificielle pour qu'elle réponde comme son ami récemment disparu, Roman Mazurenko.

L'application d'Eugenia Kuyda permet de parler à son ami décédé
L'application d'Eugenia Kuyda permet de parler à son ami décédé

L'hommage débouche sur une application à son nom, téléchargeable aujourd'hui encore sur les smartphones. Le monde entier peut échanger des messages avec lui. Pour l'instant, la créatrice du projet refuse de répliquer une autre personne.

Le retour à la vie par le numérique peut encore prendre des formes plus troublantes. Une mère sud-coréenne a pu l'espace d'un instant revoir sa fille de 7 ans décédée. Grâce à un casque virtuel, elle a pu ressentir sa présence.

Les questions éthiques soulevées par ces projets sont nombreuses. Quel est l'impact sur le processus de deuil? Quelles sont les protections pour les données d'un défunt? Qui peut parler à l'avatar? Et comme une intelligence artificielle peut imiter une personne, mais pas reproduire sa vision du monde ou son regard ironique, elle pourrait donc trahir les pensées du défunt.

Pour Laurence Devillers, chercheuse et auteure du livre les Robots émotionnels, il est temps de débattre de ces questions. "C'est un sujet très tendu", affirme-t-elle. "On comprend bien que ce système pourrait accompagner un deuil, comme les photos ou les vidéos. Au Japon, par exemple, ils utilisent déjà ce genre de techniques mais avec l'idée qu'il s'agit de quelque chose de ponctuel, uniquement pendant les 49 jours de deuil."

Thierry Ardisson veut parler aux morts

La spécialiste de l'intelligence artificielle milite désormais pour qu'il y ait une discussion citoyenne sur le sujet. "Il faut pouvoir comprendre quand la technologie peut aider et quand il y a non-respect de la personne. Si tout le monde fait revivre ses proches autour de lui, que devient le monde dans lequel nous vivons?".

Les expériences se multiplient néanmoins. Dernière en date: le producteur Thierry Ardisson présentera une émission sur France Télévisions cette année où il interviewera des personnalité décédées, comme le peintre Francis Bacon ou l'acteur Michel Serrault.

Pascal Wassmer

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Microsoft et la mauvaise expérience "Tay"

En 2016, Microsoft lance une intelligence artificielle, un bot de conversation, sur Twitter. Nom de code @TayandYou. Le robot est capable d'apprendre de ses interactions avec les internautes. Plus il est sollicité, plus il devient intelligent.

Mais l'expérience tourne court. Tout commence pourtant pour le mieux. "Les humains sont super cools". Mais rapidement les internautes lui apprennent des horreurs. Après 24 heures, Tay envoie ces tweets: "Tous les féministes devraient brûler en enfer", "Hitler a fait ce qu'il fallait, je hais les juifs".

Les messages sont supprimés. Le projet, conçu dans un but éducatif, est débranché.