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Face aux mutations du SARS-Cov-2, les pharmas contre-attaquent

Après la course au vaccins, la course aux vaccins contre les variants. Le laboratoire Moderna a annoncé commencer son premier essai
Après la course au vaccins, la course aux vaccins contre les variants. Le laboratoire Moderna a annoncé commencer son premier essai / 19h30 / 2 min. / le 25 février 2021
Les nouvelles mutations du coronavirus et celles qui pourraient suivre contraignent les groupes pharmaceutiques à adapter leur vaccin. Les Etats doivent ainsi anticiper les futures stratégies vaccinales et les autorités de régulations émettent de nouvelles directives.

Les premières doses de vaccin homologuées et administrées fin 2020 annonçaient une première victoire sur le coronavirus. Ces vaccins, développés en un temps record, envoient un message génétique aux cellules afin que ces dernières puissent produire une protéine caractéristique du virus: la protéine spike. Notre système immunitaire les repère et produit des anticorps spécifiques, prêts à mener l'assaut en cas d'infection ultérieure.

Sauf que le virus SARS-Cov-2 a muté, notamment à l'endroit stratégique de la protéine spike. Ces mutations ont pour conséquence que le système immunitaire reconnaît moins bien certains variants, notamment le mutant B.1.351, apparu en Afrique du Sud.

Il va donc probablement falloir à l’avenir utiliser des vaccins adaptés contre certains variants du coronavirus, comme pour le vaccin contre la grippe, qui est adapté chaque année aux nouvelles souches en circulation. Selon Daniel Speiser, immunologiste à l'Université de Lausanne (UNIL) et au CHUV, "on ne sait pas encore à quel rythme, ni à quel point les modifications devront être faites. Cela a l'air d'être moins compliqué que [les adaptations du vaccin] contre la grippe, mais on ne peut pas encore le dire".

Anticiper les variants

Les vaccins actuels, dits de première génération, semblent tout de même éviter les formes graves de la maladie lors d’infection par un variant. Mais les groupes pharmaceutiques Moderna, Pfizer, AstraZeneca, Novavax et Curevac entre autres, planchent déjà sur des vaccins de seconde génération, plus efficaces contre certaines de ces nouvelles souches.

La méthode consiste à modifier le message génétique contenu dans le vaccin pour qu'il corresponde aux variants. Nos cellules fabriqueront ainsi des anticorps plus adaptés et la réponse immunitaire sera plus efficace. Il est même possible de provoquer une réponse immunitaire à plusieurs souches en même temps.

Mais pour vaincre la pandémie, les scientifiques tentent d'avoir une longueur d'avance en préparant déjà des vaccins de troisième génération. Il faudra pour cela anticiper les nouveaux variants qui pourraient apparaître à l'avenir: "Il y a des souches, qui n'existent actuellement que chez les animaux, mais qui pourraient donner lieu à de nouveaux variants chez l'être humain. A partir de ce savoir, on peut mieux anticiper les modifications à venir et savoir quels types d'anticorps seront nécessaires pour nous protéger", explique Daniel Speiser.

>> Lire aussi : Le point sur les vaccins autorisés pour lutter contre le Covid-19

Nouvelles directives

Les autorités de régulation se préparent déjà. Lundi, la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a publié des directives à l'intention des développeurs de produits médicaux, couvrant spécifiquement les vaccins, les diagnostics et les produits thérapeutiques, pour faire face à l'émergence potentielle future de variants du SARS-CoV-2. Elle emboîtait le pas à la Commission européenne, qui a émis ses nouvelles directives la semaine dernière, afin de "préparer l'Europe à la menace accrue que font peser les variants du coronavirus".

Pour ce faire, Bruxelles va débloquer 75 millions d'euros pour développer des tests spécifiques afin d'identifier plus rapidement les mutations et 150 millions pour renforcer la recherche et l'échange de données sur les variants.

De son côté, Swissmedic n'a pas émis de nouvelles directives spécifiques sur les variants, mais se prépare déjà: "Nous sommes en train de construire nos critères pour pouvoir autoriser le plus vite possible ces vaccins. Parce que notre but, comme pour le vaccin initial, est de pouvoir autoriser aussi les variants dans les délais les plus courts et en assurant la sécurité des produits", affirme Julia Djonova, cheffe de la section Transplants à Swissmedic.

Invité dans le 19h30, le directeur de Moderna pour l'Europe Dan Staner affirme être déjà en train de préparer la soumission auprès de plusieurs agences réglementaires au niveau mondial "de deux vaccins qui vont directement cibler le variant sud-africain et de trois injections de rappel, qui elles aussi seront développées, si besoin, par rapport aux personnes qui ont été vaccinées avec notre vaccin, pour renforcer l'efficacité par rapport à ce variant sud-africain".

>> Voir l'interview de Dan Staner :

Les précisions de Dan Staner, directeur de Moderna Europe.
Les précisions de Dan Staner, directeur de Moderna Europe. / 19h30 / 2 min. / le 25 février 2021

Si l'homologation des premiers vaccins a pris environ neuf mois, celle des mêmes vaccins adaptés aux nouveaux variants pourrait être plus rapide encore. Reste à savoir quelle place ces nouveaux vaccins prendront dans la campagne vaccinale. Ils pourraient soit remplacer les produits actuels, soit être administrés sous forme de rappel.

Natalie Bougeard/fme

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