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L'art a des bienfaits pour le cerveau, selon les neurologues

Les premiers musées devraient rouvrir le lundi 11 mai en Suisse [Keystone - Jean-Christophe Bott]
Si l’art est divertissant, il est aussi bénéfique pour notre cerveau / La Matinale / 3 min. / le 1 mars 2021
Les musées rouvrent leurs portes ce lundi, et selon les neurologues, ce serait vital de pouvoir s'y rendre. Car au-delà de l’escapade divertissante, il a été prouvé scientifiquement que l’art a des bienfaits pour notre cerveau.

Lorsque nous sommes face à une œuvre qui nous touche, plusieurs parties du cerveau vont s’allumer, de la vision jusqu’au plaisir. Radek Ptak, professeur en neurosciences à l’Université de Genève, parle d’un "embrasement de tout le cerveau" et de ses différentes zones.

Des hormones du plaisir vont également être sécrétées à ce moment-là, explique Pierre Lemarquis, neurologue à Toulon et auteur de "L'art qui guérit": "On va sécréter de la dopamine, qui est impliquée dans le mouvement et dans l'élan vital, l'envie de faire quelque chose. Ensuite, il y a aussi la morphine endogène, qui va calmer les douleurs, diminuer notre anxiété et nous calmer. Il y a donc un côté biochimique, qui peut expliquer le côté art=médicament", indique-t-il lundi dans La Matinale.

Stendhal qui tombe dans les pommes

La morphine peut nous donner des frissons. Davantage avec la musique, mais Pierre Lemarquis rappelle Stendhal, qui s'était évanoui en regardant une œuvre d’art. Le "syndrome de Stendhal" est désormais le terme utilisé pour qualifier ce "trop-plein" de beauté qui peut couper le souffle ou faire perdre l’équilibre.

La dopamine, elle, donne envie de bouger, une envie que l'on aurait peut-être un peu perdue avec l'arrêt des activités culturelles. "L’élan vital", résume Pierre Lemarquis. "Les autorités ont fait au mieux pour protéger notre santé, on a été maintenus en vie, mais on y a perdu un peu l’envie de vivre. Et ça explique en partie les dépressions pendant la crise".

L'art comme un médicament

L’art agirait donc en quelque sorte comme un médicament. Carine Tissot, en charge de l’Art à l’Hôpital, au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), prépare justement un projet pour l’ouverture du futur hôpital de l’enfance, avec une artiste et les musées lausannois.

Son idée consiste à proposer des objets, géologiques ou zoologiques, qui dorment dans des dépôts, que les enfants pourraient toucher, en se basant sur une expérience très concluante menée dans les hôpitaux à Londres.

"On a vérifié que si les gens pouvaient toucher des objets qui sont chargés d'histoire, cela réveille une part sensible de la personne et contribue de manière significative à améliorer la condition de soins de ces personnes", explique-t-elle.

Prescription muséale  

Les bienfaits de l’art pour notre santé ne sont donc plus à prouver: à Montréal, il existe même le projet pilote de "prescription muséale". Si vous souffrez de dépression, de maladies chroniques ou si vous êtes en soins palliatifs, le médecin peut vous faire une ordonnance pour aller au musée.

Sujet radio: Alexandra Richard

Adaptation web: Jean-Philippe Rutz

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