Face à la pénurie de vaccins contre le Covid-19, faut-il miser sur les tests sérologiques?
Après une année de pandémie de Covid-19, un début d’immunité collective se dessine avec en moyenne 20% en Suisse romande. Ce chiffre n’est toutefois pas encore une donnée exploitée dans la gestion de la pandémie.
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"Face à la pénurie extrême de vaccins, dans le canton de Vaud, il a été décidé qu’une personne qui avait déjà eu le Covid-19, documenté par un test PCR ou rapide, n’allait pas recevoir le vaccin tout de suite. Car elle est clairement bien protégée, en tout cas pour un petit moment", admet Valérie D’Acremont, infectiologue à Unisanté et professeure à l’Université de Lausanne, invitée mercredi dans La Matinale.
Elle estime que la deuxième dose de vaccin "n’est pas nécessaire quand on a des anticorps suffisants": "Pour la stratégie, cela a un avantage. Si les gens qui ont des anticorps décident d'attendre un peu pour leur vaccin, cela peut permettre à d'autres d'y accéder. (...) Dès qu'il y aura plus de vaccins, les personnes infectées lors de la première vague seront les premières à se faire vacciner. On va dans l’ordre des priorités comme nous le faisons déjà maintenant."
En entreprise
Les tests sérologiques, qui se font par un prélèvement sanguin, sont aussi un outil précieux pour certaines entreprises, dans lesquelles ils sont déjà pratiqués. "Le télétravail n'est pas possible dans toutes les entreprises. (…) Cela permet aussi aux collaborateurs de voyager, surtout dans des entreprises liées à l'exportation", explique Claudine Amstein, directrice de la Chambre vaudoise de commerce et de l'industrie.
Depuis mai dernier, quatorze entreprises de l’arc lémanique ont dépisté leurs employés, soit près de 260 tests. Ceux-ci ont montré que 5% des personnes étaient immunisées. Des résultats à interpréter avec prudence, d’après le microbiologiste et spécialiste des maladies infectieuses Gilbert Greub: "A titre individuel, il est très difficile d’interpréter la sérologie. Avoir des anticorps ne signifie pas qu'ils sont neutralisants pour la maladie''
"Anticorps jusqu'à onze mois"
Un avis que ne partage pas totalement Valérie D’Acremont: "Une réinfection reste rare. Dans notre étude sur la population vaudoise, on a observé que les gens continuent à avoir des anticorps extrêmement longtemps, jusqu’à onze mois."
Et d'ajouter: "Nous pouvons dire que ces personnes sont bien protégées pour de nombreux mois. Une récente étude démontre que le risque chez les personnes qui ont des anticorps d’attraper à nouveau le Covid-19 est de l’ordre de 2 pour mille après six mois. C’est comme si elles étaient 'vaccinées' à 90%."
Sujet radio: Cédric Guigon et Romaine Morard
Adaptation web: Valentin Jordil