Dès les premiers mois de la pandémie, la littérature scientifique a publié quelques exemples de réinfection au Covid-19. Mais avec le recul, on se rend compte qu'il s'agit de cas très isolés.
Jean-Luc Reny, responsable du Service de médecine interne générale aux HUG, estime qu'il y en a eu quatre à cinq depuis le début de la crise, dans son établissement. "C'est quelque chose qui reste très marginal", souligne-t-il vendredi dans La Matinale.
Selon les chiffres du Département vaudois de la santé et de l'action sociale (DSAS), qui a effectué le calcul pour la RTS, entre septembre et mi-mars, seuls 0,23% des cas de coronavirus, soit entre deux et trois sur mille, ont présenté un deuxième test positif, plus de trois mois après une première infection.
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Le DSAS souligne que ces chiffres sont d’ailleurs sûrement encore au-dessus de la réalité, puisque, pour une partie de ces personnes, il s’agit vraisemblablement de la même infection qui se prolonge. "Il est difficile de prouver un cas de réinfection, parce qu'il faut avoir la preuve que c'est un nouveau virus qui a infecté le patient, analyse Jean-Luc Reny. Pour en avoir le coeur net, il faudrait pouvoir séquencer le génome des virus des deux infections, pour voir s’ils sont différents ou non."
Retarder la vaccination
Cet écueil, ajouté au fait qu’il est souvent difficile de répertorier et de prendre en compte les personnes asymptomatiques, fait que les données internationales sont assez disparates, mais elles restent du même ordre de grandeur que le pourcentage vaudois.
Blaise Genton, médecin chef à Unisanté et responsable de la vaccination dans le canton de Vaud, souligne d'ailleurs que ces chiffres reflètent une protection en tout cas aussi bonne que celle offerte par la vaccination. D’où des interrogations sur la pertinence de vacciner les personnes qui ont déjà eu le Covid-19 en période de pénurie.
Des anticorps "jusqu'à onze mois"
"Dans notre étude sur la population vaudoise, on a observé que les gens continuent à avoir des anticorps extrêmement longtemps, jusqu’à onze mois", déclarait Valérie D’Acremont, infectiologue à Unisanté et professeure à l’Université de Lausanne, mercredi dans La Matinale.
Dans le canton de Vaud, il a donc été décidé de ne pas vacciner en priorité les personnes qui ont déjà fait l’infection, quitte à revenir vers elles d’ici un ou deux mois, quand il y aura plus de doses à disposition, puisqu’on manque encore de recul pour savoir comment la protection immunitaire évolue à plus long terme. Ce qui vaut d’ailleurs aussi pour la protection vaccinale.
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Lucia Sillig