Les masques en tissu sont trop peu efficaces, montre un nouveau test

Les 16 masques analysés - huit masques en tissu et huit masques FFP2 - ont été confiés au laboratoire du professeur Ernest Weingartner de la FHMW, la Haute école spécialisée du Nord-ouest de la Suisse. Son laboratoire est spécialisé dans la technologie de mesure d’aérosols.

Les huit masques en tissu ont été testés selon la norme SNR 30000 de la task force scientifique de la Confédération. Ils devaient retenir au minimum 70% de particules d’un micromètre (μm) et avoir une respirabilité respectant un maximum de 294 Pa à 0,27 m/s. La norme est plus stricte pour les modèles FFP2. Prévus pour un usage professionnel, ils doivent filtrer au minimum de 94% de particules de 370 nanomètres (nm) et avoir une respirabilité de 240 pascals (Pa) à 0,08 m/s, répondant ainsi à la norme européenne EN 149.

FFP2 corrects, masques en tissu insuffisants

Les résultats sont bons pour tous les masques FFP2. Ils ont une bonne capacité de filtration et retiennent bien plus que les 94% de particules exigés par la norme. Ils ont en revanche de légères différences au niveau de la respirabilité, mais ils restent tous bons malgré tout.

Comme en octobre lors d’un précédent test, les résultats sont en revanche décevants pour les masques en tissu. Sept masques sur huit ne sont pas assez filtrants. Selon la norme, ils devraient retenir 70% de particules de 1 micromètre. Or, ils ne retiennent que 20 à 52% de ces particules et sont donc jugés insuffisants. Un seul d'entre eux s'est avéré suffisamment filtrant, le Community Mask vendu par Migros, qui retient 95% de particules. Malheureusement, il n’est pas suffisamment respirant et a également été jugé insuffisant pour cette raison.

Interrogée mardi soir dans l'émission À Bon Entendeur, la pharmacienne cantonale fribourgeoise Sophie Maillard estime que ces résultats sont décevants. "Ces masques communautaires sont fabriqués sur bases des recommandations de la Task force sanitaire, à l'attention des fabricants. C'est décevant que ces recommandations ne se retrouvent pas dans les résultats".

Elle rappelle que les autorités sanitaires "n'ont jamais soutenu formellement le masque de type communautaire, en tissus", et que "le masque chirurgical est celui qui protège le mieux" les individus au quotidien.

Les masques FFP2 déconseillés par l’OFSP

Malgré ces résultats, l’Office fédéral de la santé publique continue pourtant de recommander le port des masques en tissu et celui des masques chirurgicaux plutôt que les modèles de type FFP2: "Ce masque n’est recommandé que dans certaines situations professionnelles", a réagi le porte-parole de l’OFSP Grégoire Gogniat. "Il requiert une formation pratique pour une utilisation correcte et aussi un 'test d'ajustement', c'est-à-dire un test pour savoir si le masque est bien ajusté à la peau du visage, ce qui n'est pas évident dans une situation quotidienne", poursuit Grégoire Gogniat.

"C'est un masque qui nécessite d'être bien porté pour être efficace, qui est difficile à porter, et qui doit donc être réservé à des professionnels qui y sont habitués", abonde Sophie Maillard. "Un masque chirurgical est plus facile à mettre en place et à porter, y compris au niveau de la respirabilité et du confort".

Et la pharmacienne cantonale de rappeler que de nombreuses études ont montré que, dans la vie communautaire, le port du masque chirurgical suffit amplement à réduire significativement les risques de contaminer une tierce personne.

>> Les explications de l'émission À Bon Entendeur, avec Sophie Maillard :

Autrement dit, le masque FFP2 est certes efficace, mais il est moins confortable, moins respirable et plus difficile à porter correctement. Le citoyen lambda risque donc de davantage le toucher et de véhiculer le virus vers le visage. Résultat: si le masque FFP2 est mal utilisé, il peut finalement ne pas être idéal.

Frédérique Volery/vic