Dans un pays où les deux-tiers des adultes et environ un enfant
sur cinq sont en surpoids ou obèses, l'obésité infantile "est le
problème de santé publique numéro un (...), faisant courir le
risque à la plus jeune génération d'être la première de l'histoire
à avoir une plus faible espérance de vie que ses parents", a
souligné Bill Clinton.
L'ancien président américain s'exprimait au nom de l'Alliance
for a Healthier Generation, qui vise à réduire l'obésité infantile
d'ici 2015, au cours d'une conférence baptisée "Weight of the
Nation" (Poids de la nation) et organisée par les Centres fédéraux
de contrôle et de prévention des maladies (CDC).
Conseils et mesures légales
Au cours de cette rencontre, des responsables ont mis en exergue
une série d'une vingtaine de mesures -allant de bannir les
télévisions des chambres d'enfants à faciliter l'achat de produits
frais- pour lutter contre l'obésité et ses coûts médicaux qui ont
presque doublé depuis 1998.
Ils ont souligné qu'il était nécessaire avant tout de changer le
mode de vie des Américains. "Nous devons changer ce qui se passe
dans nos maisons, nos communautés, nos écoles", a relevé Bill
Clinton, notant que "l'obésité est un problème de santé publique
qui ne peut être traité uniquement dans un cabinet médical".
L'Américain moyen étant en surpoids de 11 kilos, et les 350
calories supplémentaires ingérées quotidiennement par rapport à il
y a quelques décennies provenant principalement des boissons
gazeuses, le président des CDC Thomas Frieden a suggéré d'instaurer
une taxe sur les boissons sucrées.
Des coûts qui grossissent avec la population
Alors que le débat fait rage au Congrès sur une réforme du
système de santé américain prônée par le président Barack Obama,
les scientifiques ont averti que la prévalence de l'obésité et les
problèmes médicaux qui lui sont associés vont gonfler la note des
dépenses de santé.
"L'obésité continuera de peser fortement sur le système de santé
tant que sa prévalence restera élevée", a souligné le principal
auteur de l'étude, Eric Finkelstein, qui dirige le programme de
santé publique de l'institut de recherche RTI International.
Selon une étude publiée en marge de la conférence sur le site du
ministère de la Santé, les coûts associés à la maladie étaient
d'environ 78 milliards par an il y a 11 ans; ces frais avaient
grimpé à environ 147 milliards de dollars par an en 2006. Dans le
même temps, le taux d'obésité avait augmenté de 37% (lire
ci-contre).
afp/jeh
Principal risque: le diabète
Actuellement, l'obésité représente 9,1% des dépenses de santé, contre 6,5% en 1998.
Les dépenses de santé pour un obèse (ayant un indice de masse corporelle supérieur à 30, alors que la corpulence normale est de 18,5 à 25) représentent chaque année 1429 dollars de plus que pour une personne de poids normal, soit 42% supplémentaires.
L'essentiel des dépenses liées à l'obésité, selon les chercheurs, ne concerne pas les interventions lourdes comme la chirurgie bariatrique (opération de l'estomac et des intestins) mais les traitements liés aux maladies associées à l'obésité comme le diabète.
L'excès de poids, soulignent-ils, est le plus grand facteur de risque de diabète. Le diabète coûte 191 milliards de dollars chaque année.
"Le lien entre augmentation du taux d'obésité et accroissement des dépenses de santé est indéniable", concluent les chercheurs.