Il y a des microplastiques même au sommet de l'Everest. Une étude menée en 2019 par des scientifiques a permis de trouver de grandes quantités de fibres de polyester, d'acrylique, de nylon et de polypropylène jusqu'à 8840 mètres.
Qu'en est-il dans les Alpes suisses? Pour le savoir, l'association Sail and Explore ainsi que les Ecoles polytechniques fédérales de Zurich et Lausanne lancent une étude cette semaine.
Durant deux mois, des spécialistes vont sonder les eaux de l'Engadine, dans les Grisons. Il s'agit de la plus grosse recherche menée en Suisse dans le domaine alpin sur les microplastiques.
Chasse au plastique
L'équipe va examiner les eaux des lacs de Sils et de Saint-Moritz ainsi les cours d'eau alentours. Les sondages se feront sur 11 lieux différents à l'aide d'un tamis.
"C'est une sorte de bouche rectangulaire suivie d'un filet, qu'on laisse flotter à la surface pendant environ 40 minutes. On a deux filtres à la sortie. C'est à cet endroit qu'on récupère le matériel", explique Lukina Tille, membre de l'équipe de recherche.
La récolte des données va durer deux mois. Généralement, les sondages se déroulent sur une seule journée, ce qui donnent des résultats trop souvent approximatifs, selon le directeur de la recherche Roman Lehner.
Aussi dans la neige
"On part de l'idée qu'on va trouver beaucoup de fibres synthétiques parmi les microplastiques. Il a déjà été démontré que le vent peut transporter les fibres qui composent les vêtements synthétiques, comme le nylon par exemple."
"Une autre étude menée à Davos a montré que des microplastiques issus de fibres synthétiques se retrouvaient aussi dans la neige", ajoute Roman Lehner.
Tous les échantillons collectés seront ensuite redescendus en plaine et analysé dans les laboratoires de l'EPFL. Les premiers résultats sont attendus pour cet automne.
Céline Fontannaz
Le microplastique, de nos lessives à l'océan Arctique
Une grande majorité des microplastiques retrouvés dans l'océan Arctique proviennent de fibres synthétiques utilisées dans l'habillement, et donc probablement du simple lavage des vêtements, selon une étude publiée en janvier 2021.
La présence de ces microparticules a été recensée dans des organismes vivants aux quatre coins des océans, jusqu'au fond de la fosse des Mariannes, dans l'océan Pacifique, la plus profonde connue.
Selon les scientifiques, à chaque lavage en machine, des centaines de milliers voire des millions de microfibres partent dans le circuit d'évacuation, dont une partie, trop petites pour être filtrées dans les usines de traitement, parviennent jusqu'à la mer.
Dans une étude publiée par la revue Nature Communication, l'organisation Ocean Wise et le département des Pêches et des Océans du Canada ont étudié des échantillons d'eau de mer prélevés en 2016 dans 71 stations des zones arctiques, de la Norvège au nord de l'Alaska en passant par le Canada et jusqu'au pôle Nord.
"Nous avons trouvé du microplastique dans tous les échantillons sauf un, démontrant la présence massive de ce polluant dans ces régions isolées", souligne l'auteur principal de l'étude, Peter Ross, d'Ocean Wise et de l'université canadienne de Colombie-Britannique.
AFP