Publié

Google veut analyser nos grains de beauté

En trois photos, l'intelligence artificielle de Google peut reconnaître 288 affections [Google]
Google veut analyser nos grains de beauté / La Matinale / 1 min. / le 20 mai 2021
Le lucratif marché de la santé fait partie des priorités du géant américain. L'entreprise mise sur son expertise en matière d'intelligence artificielle.

Un grain de beauté vous tracasse? Bientôt, il suffira d'un smartphone pour savoir s'il y a matière à vous inquiéter. Lors de sa conférence Google IO, l'entreprise a présenté une application web qui permet d'identifier 288 affections de la peau en utilisant l'appareil photo.

Trois clichés suffisent à l'algorithme pour savoir si votre grain de beauté représente un risque. L'application vous demande également votre type de peau, les symptômes ou la date d'apparition du problème.

La demande est énorme. "Chaque année, nous voyons près de dix milliards de recherches Google liées à des problèmes de peau, d'ongles et de cheveux", annonce l'entreprise sur son blog. "Il peut être difficile de décrire ce que vous voyez sur votre peau à travers des mots uniquement".

Pas un concurrent

Partant de ce constat, les ingénieurs ont développé et formé une intelligence artificielle (IA) en trois ans. Ils l'ont entraînée avec des millions d'images de peaux saines ou affectée.

En mettant cet outil directement entre les mains des patients, Google affirme que son but est d'apporter des réponses précises aux internautes, pas d'établir des diagnostics. Une précision juridiquement importante.

Philipp Spring, président des dermatologues vaudois, ne voit pas ces algorithmes comme des concurrents. "Ces plate-formes peuvent être utiles pour un premier tri. Les algorithmes ont prouvé une efficacité assez impressionnante, qui rivalise parfois avec le médecin. En cas de doute, (la machine aussi doute), il est toujours temps de voir un spécialiste pour avoir un avis physique".

Un marché lucratif

Cette application devrait sortir en Europe avant la fin de l'année. Les autorités ont attribué au modèle d'intelligence artificielle le titre de "dispositif médical de classe I" dans l'Union européenne. Dans cette classe, on trouve les dispositifs représentant peu de risque pour le patient: les seringues (sans aiguille), les électrodes ou les gants d’examen.

De son côté, Google ne va pas s'arrêter pas à votre peau. En 2020, au Forum de Davos, Sundar Pichai, PDG d'Alphabet et de sa filiale Google, avait annoncé la couleur: le domaine de la santé est celui qui offre le plus grand potentiel à l'IA pour les cinq à dix prochaines années.

Les IA développées par Google doivent permettre d'identifier les maladies et faire des prédictions, tout en améliorant les résultats des diagnostics et en réduisant les coûts. Car le marché de la santé est gigantesque. 3700 milliards de francs, rien qu'aux Etats-Unis.

Des investissements massifs

Google, Amazon, Microsoft ou Apple investissent massivement dans le secteur. Les achats de start-up se multiplient. Dernier en date, Microsoft a déboursé près de 20 milliards de francs pour acquérir Nuance.

L'entreprise transforme les discussions entre le médecin et son patient en notes écrites, avant de remplir automatiquement le dossier électronique.

De leur côté, les ingénieurs de Google développent actuellement plusieurs algorithmes pour faciliter le dépistage des cancers du sein ou la tuberculose.

Reste la délicate question de la protection des données du patient. Qui peut y avoir accès? Et pour quoi faire? Un défi central pour une télémédecine en devenir.

Pascal Wassmer

Publié