Les PFAS, ou substances per- et polyfluoroalkylées, sont une grande famille qui regroupe plus de 4000 composés chimiques synthétiques.
On s'en sert pour leurs propriétés antiadhésives ou antitaches, qui sont pratiques pour emballer des sandwichs ou encore des frites bien grasses. Leur utilisation est répandue, indiquent les neuf ONG auteures du rapport. Surtout en ces temps de pandémie où, faute de restaurants et de cafétérias, les emballages alimentaires et la vaisselle jetable ont la cote.
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Jusqu'à 60 fois plus que le seuil de référence
"On a fait analyser 42 échantillons d’emballages alimentaires et de vaisselle jetable – en papier, en carton, en fibres végétales – qui proviennent de grandes enseignes de fast-food, de vente à l'emporter, de magasins et de grossistes", a expliqué vendredi dans La Matinale Fleur Gorre, chargée de mission sur les produits chimiques au sein de l'association française Générations futures, l'une des neuf ayant participé à cette étude.
"On a constaté que tous les échantillons analysés contenaient des traces de PFAS. On a retrouvé des niveaux jusqu'à 60 fois plus élevés pour certains échantillons que le seuil de référence qui a été fixé par les autorités danoises", révèle-t-elle.
Produits en fibres moulées pointés du doigt
Ce sont dans les produits dits en fibres moulées qu'ont été retrouvées les plus fortes concentrations. Or, ils sont généralement vendus comme des produits compostables ou biodégradables. "On peut s'étonner que ce soient ces produits, annoncés comme biodégradables, qui contiennent le plus de polluants très persistants", alerte Fleur Gorre.
Les PFAS, pourtant, s'accumulent dans l'environnement - sols, eau - et dans le corps humain. Au-delà d'un certain seuil, ils peuvent créer des maladies thyroïdiennes, des cancers, voire diminuer l'efficacité des vaccinations.
Migration vers les aliments?
Les ONG plaident pour une interdiction des PFAS dans les emballages, car selon elles, ces composés chimiques peuvent migrer vers les aliments. Selon l'Office fédéral de la sécurité alimentaire, ce n'est cependant pas prouvé: "On ne peut pas déduire de cette étude un risque sanitaire pour les consommateurs via les aliments", a-t-il répondu à la RTS. L'OSAV indique néanmoins qu'une nouvelle série d'analyses est prévue.
L'Autorité européenne de sécurité des aliments, elle, estime que si la terre ou l'eau utilisées pour cultiver des aliments sont polluées aux PFAS, elles peuvent à leur tour contaminer ces aliments. Au Danemark, l'utilisation de PFAS dans les emballages alimentaires en papier et carton a été interdite en juillet 2020.
Sujet radio: Pauline Rappaz
Adaptation web: afp/vic/
Quelles alternatives pour remplacer les PFAS?
Les ONG qui ont mené l'étude demandent que l'utilisation des PFAS soit stoppée pour toutes les applications qui ne sont pas essentielles à la santé, à la sécurité et au fonctionnement de la société. "Leur utilisation dans les emballages alimentaires et la vaisselle jetable est un exemple de ces utilisations évitables", arguent-elles. Elles souhaitent aussi que les citoyens "apportent leurs propres récipients alimentaires réutilisables" lorsqu'ils achètent de la nourriture à l'emporter.
"Il existe des emballages papier carton non-traités aux PFAS. Les pâtes en papier végétal ou l’application d’amidon ont aussi été signalées comme des alternatives", signale de son côté Fleur Gorre. "Après, il est toujours mieux de privilégier les matériaux durables et réutilisables, comme les bocaux en verre, les assiettes en céramique ou encore les boîtes en inox".